Parmi les 41 personnes placées en garde à vue figure Gregorian Bivolaru, 71 ans, le gourou roumain et suédois, et fondateur de ce groupe international, présenté comme axé sur la pratique du yoga, le Mouvement pour l’intégration spirituelle vers l’absolu (Misa), a précisé la source proche de l’enquête.
Les interpellations ont eu lieu notamment en Seine-et-Marne, dans le Val-de-Marne, à Paris et dans les Alpes-Maritimes, selon les deux sources.
Quelques 175 policiers ont été mobilisés pour cette opération d’ampleur, coordonnée par la Caimades (cellule d’assistance et d’intervention en matière de dérives sectaires), de l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes), sous la direction d’un juge d’instruction parisien.
Lors des arrestations, 26 femmes, dont plusieurs étaient sous emprise, ont été libérées, ont précisé les deux sources. Ces victimes, extraites de la secte, étaient logées dans des conditions d’exiguïté et d’hygiène déplorables, a souligné la source judiciaire.
Selon cette source, le Misa, rebaptisé Atman lors de son expansion hors de Roumanie, enseignait le tantra yoga, dans le but de conditionner les victimes à accepter des relations sexuelles via des techniques de manipulations mentales visant à supprimer toute notion de consentement.
De nombreuses femmes de différentes nationalités déclaraient avoir été victimes des agissements de l’organisation Misa et de son leader, selon la source judiciaire.
Le parquet de Paris a ouvert une information judiciaire en juillet 2023, pour diverses infractions dont séquestration en bande organisée, un crime faisant encourir 30 ans de prison, abus de faiblesse en bande organisée par membre d’une secte, viols ou encore traite des êtres humains en bande organisée.
– Dossier démentiel –
Le Misa a de nombreuses écoles de yoga et autres succursales, a détaillé la source proche de l’enquête.
Il incitait les femmes victimes à accepter des relations sexuelles avec le dirigeant du groupe et/ou à s’adonner à des pratiques pornographiques tarifées en France et à l’étranger.
Dès 2008, le Misa a été exclu de la Fédération internationale de yoga et de l’Alliance européenne de yoga pour ses pratiques commerciales jugées illicites, a rappelé la source judiciaire, qui souligne aussi qu’il a déjà fait l’objet d’une procédure en Italie.
Il est difficile de chiffrer le nombre d’adeptes en France, mais c’est plusieurs centaines de personnes, selon la source proche de l’enquête.
D’après la source judiciaire, les investigations ont mis en lumière une organisation compartimentée, selon un procédé habituel en matière de criminalité organisée.
Les stages avaient pour but de faire participer les personnes à des activités sexuelles et ou physiques (…) dans des conditions permettant à ce stade de caractériser l’infraction de traite des êtres humains, a-t-on encore précisé de même source.
Les personnes y ayant séjourné dénonçaient y avoir été contraints de payer leur +séjour+ pour les femmes en s’adonnant à des vidéo-chats sexuels, et pour les hommes par du travail manuel, a-t-elle précisé.
Un +ashram+ était manifestement exclusivement dédié à la satisfaction des désirs du principal mis en cause, Gregorian Bivolaru, selon la source judiciaire. Des femmes y étaient conduites depuis d’autres établissements, et placées en attente dans un premier logement, a-t-on encore précisé.
C’est un dossier démentiel, avec un groupe aux contours de la mafia, du proxénétisme sous des atours prétendument philosophiques, commentait il y a peu à l’AFP une source proche du dossier.