Un remède contre le cancer que l’industrie pharmaceutique ne voudrait pas que l’on connaisse… Ce scénario vous semble familier ? Il a été repris et dénoncé avec humour par l’Université McGill de Montréal dans une récente vidéo.
Le Dr Johan R. Tarjany aurait découvert dans les années 1800 une mousse végétale soignant le cancer… mais est-ce bien vrai ?
UNIVERSITY MCGILL / AGENCE SCIENCE-PRESSE
« Ce remède incroyable contre le cancer est connu depuis les années 1800, mais les grandes compagnies pharmaceutiques ne veulent pas que vous le sachiez« , commence une vidéo qui a beaucoup circulé en 2018 sur les réseaux sociaux. En apparence, elle ressemble beaucoup à des contenus souvent croisés sur internet, mêlant montage efficace et mots-clés lapidaires pour faire passer toutes sortes de contre-vérités. Mais pas cette fois ! Conçue à l’origine par l’Université McGill de Montréal (Canada), puis traduite par l’Agence Science-Presse, la seconde moitié de la vidéo souligne en effet les mensonges et effets de manche mis en œuvre dans la première partie.
La « recette gagnante » pour persuader : musique enlevée, images attrayantes, texte en gros caractères
Selon la première partie de la vidéo, le Dr Johan R. Tarjany aurait découvert dans les années 1800 une mousse végétale. Trouvée dans sa région d’origine, ses propriétés altéreraient la double hélice d’ADN des cellules cancéreuses. Preuve de son efficacité avancée par la vidéo, le Pr Tarjany en a pris toute sa vie et n’a jamais développé le cancer ! Une bien jolie histoire, au demeurant. Pourtant, le Pr Johan R. Tarjany « n’a jamais existé« , nous apprend la suite, révélant ainsi que les photos du prétendu professeur ne représentent même pas la même personne, ou encore que la double hélice d’ADN était en réalité inconnue jusqu’en 1953… Alors, « pourquoi cette humiliation ? », s’affiche-t-il sur la vidéo. Parce que les contenus de ce genre « sont partagés des millions de fois sur Facebook« , grâce à un cocktail de « musique enlevée, texte en gros caractères et images agréables« . Une vraie « recette gagnante pour persuader les gens« , d’après l’université McGill.
Crédits : Université Mc Gill (vidéo originale en anglais) et Agence Science-Presse (adaptation en français).
Cet exemple est-il exagéré ? « Le remède contre le cancer a été découvert il y a 84 ans« , assène une autre vidéo Facebook, très sérieusement cette fois, « mais les recherches ont été presque immédiatement stoppées« . Un certain M. Rife aurait ainsi découvert que les cellules cancéreuses étaient spécifiquement sensibles à une certaine fréquence électromagnétique, permettant de les tuer sans affecter les cellules saines. « En 1934, il a sauvé 16 personnes souffrant de cancer au stade terminal en 90 jours« , continue la vidéo, mais ses recherches auraient été »
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discréditées » par la communauté scientifique de l’époque. Pourquoi ? La vidéo avance une raison en évoquant le coût actuel des traitements contre le cancer. « Combien vaudrait un traitement ? » conclut-elle, insinuant que les laboratoires ne sauraient pas faire plus de profits avec un traitement dont l’efficacité concurrencerait l’ensemble des alternatives proposées par ses concurrents, qu’avec un traitement à l’efficacité semblable. Pourtant, les informations sont disponibles. « Il n’y a aucune preuve que la machine de Rife ait la capacité de détruire les cellules cancéreuses« , explique sur son site Cancer Research UK, le plus gros organisme indépendant finançant la recherche contre le cancer dans le monde. « Certaines personnes disent qu’il y a une conspiration pour empêcher son développement« , pourtant « cette recherche est en cours, (…) encore à un stade expérimental » et utilise des « fréquences électromagnétiques (…) différentes de celles produites par la machine de Rife« , explique l’organisation.
Une attirance de notre cerveau archaïque pour les informations de danger
« N’oublie pas : sois sceptique et pose des questions, parle à un scientifique ou à un médecin quand tu as des doutes« , conclut la vidéo de l’Université McGill, « ne te laisse pas prendre par des théories du complot parce qu’elles sont attrayantes« . Car notre cerveau archaïque est naturellement attiré par les informations portant sur le sexe, nous-mêmes, ou le danger, d’après le sociologue Gérald Bronner. « La dérégulation du marché de l’information avec l’arrivée d’Internet, conjugué au fonctionnement archaïque de notre cerveau vis-à-vis des signaux de danger, font que les hommes préhistoriques sont de retour« , estimait-il alors auprès de Sciences et Avenir. C’est notamment pour cette raison que les contenus anxiogènes, souvent sur le thème de la santé, seraient les plus viraux sur internet.