L’ex-raëlien Camil Renaud, qui a reconnu sa culpabilité en septembre dernier à des accusations de contacts sexuels et d’exploitation sexuelle d’une adolescente, pourra retourner chez lui en attente de sa peine. L’individu de 66 ans avait été incarcéré pour sa propre sécurité, au lendemain de ses plaidoyers de culpabilité, puisqu’il avait tenté de mettre fin à ses jours.
Camil Renaud, qui demeure aujourd’hui à Repentigny, avait fait la manchette lorsqu’il a reconnu avoir abusé sexuellement d’une adolescente, alors qu’il était membre de la secte de Raël, entre 1988 et 1995, à La Baie. La jeune fille avait 11 ans lorsque les premiers gestes ont été posés. On parle de gestes de frottement des parties génitales, de masturbation et de fellation. L’homme avait finalement été arrêté puis accusé en 2016, à la suite d’une plainte de la victime. Il a décidé de plaider coupable le 16 septembre dernier, reconnaissant les gestes reprochés. Mais le matin de son audition devant le juge, Camil Renaud, qui dormait à l’hôtel puisqu’il demeure aujourd’hui à l’extérieur de la région, a avalé de nombreux cachets de morphine, dans le but de mettre fin à ses jours. Il a finalement été amené à l’hôpital sous les recommandations du juge et il a eu son congé quelques heures plus tard. Les conséquences n’avaient pas été désastreuses, puisqu’il avait immédiatement vomi après avoir avalé les cachets. Le lendemain, lorsque l’homme a vu son visage sur la une du journal et lu l’article faisant état de ses crimes avoués, il a encore une fois voulu en finir. En détresse psychologique, il est allé dans les bois pour se suicider, mais s’est finalement ravisé et a pris la route pour chez lui. Il ne s’est donc pas présenté à la probation, ce qu’il devait faire avant de retourner à Repentigny. Précisons que Camil Renaud était en liberté en attente de sa peine. Le juge Michel Boudreaul a alors été mis au courant des tentatives de suicide de l’homme. Camil Renaud a été convoqué au tribunal, puis il a été incarcéré « pour sa propre sécurité » et pour assurer sa présence devant les tribunaux en temps voulu. Deux mois plus tard, son dossier était de retour devant le juge Boudreault, puisque l’ex-raëlien désirait recouvrer sa liberté jusqu’à ce qu’il reçoive sa sentence. La Couronne a déjà précisé qu’elle demanderait une peine de pénitencier variant entre quatre à six ans. Cet aspect a également donné un choc à l’individu, selon ses propres dires. « Sur le coup, je ne pensais pas que ce serait aussi grave. Ma plus grande peur, c’était d’aller en prison. Lorsque j’ai vu l’article dans le journal, ç’a été comme un uppercut. Avant ça, je n’avais pas conscience de l’ampleur de la situation. Je croyais que c’était une stratégie de la Couronne de dire que j’allais faire de la prison », a expliqué Camil Renaud au juge, mercredi, pour expliquer ses gestes suicidaires. Prêt à purger sa peine Il a indiqué qu’il ne se sentait plus dépressif aujourd’hui et qu’il était prêt à purger sa peine. « Ma période de détention m’a montré que ce n’est pas aussi terrible que je le croyais. Il est possible de purger sa peine de façon intelligente et de faire des rencontres intéressantes », a ajouté Renaud, voulant ainsi démontrer qu’il ne songeait plus à mettre fin à ses jours. « La médication, la méditation et la lecture m’aident beaucoup », a-t-il ajouté. Deux de ses proches, dont un ami qui était également membre de la secte raëlienne, sont venus dire au juge qu’ils allaient prendre soin de l’homme et assurer une présence régulière auprès de lui, afin qu’il n’ait plus d’idées noires. Le représentant du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), Me Jean-Sébastien Lebel, s’opposait à sa remise en liberté, puisqu’il estimait que la situation n’avait pas changé. « Monsieur savait déjà qu’il avait le support de ses proches et qu’il allait purger une peine de détention. Il n’y a absolument rien qui a changé depuis le 16 septembre. Rien », a expliqué Me Lebel. Camil Renaud espérait être remis en liberté le temps de mettre ses « affaires en ordre », notamment en ce qui concerne sa situation financière et pour se préparer à sa détention. Le juge Michel Boudreault l’a cru. « Vous étiez dans un état de détresse lorsque j’ai ordonné votre détention, mais je crois que vous ne l’êtes plus. Je suis aujourd’hui incapable de conclure que vous constituez un danger pour vous-même », a déclaré le juge Boudreault, le remettant ainsi en liberté en attente de sa sentence. Il avait déjà été convenu que Camil Renaud ne représentait pas un danger pour la société. Les observations sur la peine auront lieu les 9 et 10 décembre. L’avocat de Renaud, Me Sylvain Morrissette, a avancé qu’il compte faire témoigner un spécialiste de l’endoctrinement sectaire, puisque Camil Renaud affirme avoir commis ses crimes sous l’influence du Mouvement raëlien et qu’il n’est plus le même aujourd’hui. source : 4 novembre 2019 PATRICIA RAINVILLE Le Quotidien
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