Schizophrène, un homme de 35 ans est renvoyé pour tentative de meurtre devant le Tribunal correctionnel de Lausanne
Un grand type à l’allure débraillée. Ongles longs, noircis par la crasse, cheveux collés sur la tête, mi-gras mi-dreadlocks. Olivier*, 35 ans, est schizophrène. Hier, devant le Tribunal correctionnel de Lausanne, il ne s’est pas assis à la même table que son père. C’est qu’il est accusé d’avoir essayé de le tuer le 16 décembre 2009.
Ce jour-là, en plein repas familial, il a pris le couteau à pain d’une lame de 18 centimètres et a visé le crâne et le visage de son père. Tout en balançant le haut de son corps, Olivier raconte que tout a commencé par une dispute sur la scientologie et les tutelles. «J’ai pris le couteau qui traînait sur la table. Et j’ai pété les plombs. Mon idée, c’était de lui donner une leçon. Mais vous savez, la boîte crânienne c’est plus solide que les poumons. Mon but n’était pas de le tuer, j’aime mes parents.»
Six plaies ouvertes
Son père, lui, n’a plus que le maigre souvenir d’un réveil sur le sol de la cuisine à lutter pour s’emparer de l’arme. Avec plus de six plaies ouvertes. Puis son fils s’en va, et se rend à la police quelques heures plus tard.
Olivier a eu un coup de sang, comme il le dit en bégayant. Sa maladie a été diagnostiquée à l’âge de douze ans. Depuis, il y a eu quarante séjours à Cery et des injections médicamenteuses tous les quinze jours. Mais son parcours chaotique des dernières années, Olivier le met sur le compte de son passage par l’Eglise de scientologie.
{{Appelée comme témoin à la barre, sa mère décrit comment elle a décidé d’essayer d’autres méthodes de soins sur son fils lorsqu’il avait 18 ans. «Je l’ai emmené au Nouveau-Mexique dans un camp de six semaines de scientologie. Je ne savais pas quels traitements ils lui donnaient. Nous avons payé 200 000 francs.» Au final, il y restera un an. Olivier, lui, parle d’un enfer, de travaux forcés et de jets de pierre.}}
Tentative de suicide
A son retour, pour ne pas se retrouver dans un autre camp en Italie, il tente de se suicider en se jetant du haut d’un immeuble à Lausanne. Il s’en sort, mais tue un malheureux passant. Depuis, l’homme de 34 ans a agressé une personne dans un bus, puis une caissière.
Le ministère public a requis deux et demi de prison et un traitement institutionnel (en milieu sécurisé). Verdict jeudi.
*Prénom d’emprunt
PASCALE BURNIER | 08.12.2010 | 20:03