La secrétaire d’État à la Citoyenneté a retracé l’embrigadement sectaire de sa propre mère par l’Église de Scientologie.
SECTE – D’un simple test de la personnalité à un embrigadement sectaire de plusieurs décennies. Chargée notamment des sujets tels que la lutte contre les dérives sectaires, la secrétaire d’État à la Citoyenneté, Sonia Backès, était invitée sur BFMTV mercredi 2 novembre au soir, et elle est revenue son expérience personnelle pour raconter comment sa propre mère est devenue scientologue.
Sur le plateau de « 22H Max », face à Maxime Switek, la secrétaire d’État explique que tout a commencé alors que ses parents étaient en instance de divorce. Dans la rue, quelqu’un propose à sa mère de réaliser un test de personnalité « comme on en trouve dans les magazines féminins », précise-t-elle. Une façon simple pour « analyser les failles », trouver le point faible des cibles potentielles. « Il y a un point commun à toutes les dérives sectaires : c’est de jouer sur la vulnérabilité », explique Sonia Backès.
Ici, le contexte du divorce a joué un rôle important, comprend-on. Après analyse du test de personnalité, il a été proposé à la mère de Sonia Backès de suivre une formation pour pallier ses prétendues « failles ». Ainsi commence le processus d’embrigadement sectaire.
« Attention, c’est une secte »
« On rentre par ce biais-là, ça commence à être payant évidemment, et puis petite à petit ça génère un enfermement extrêmement fort », analyse la secrétaire d’État qui évoque un « vocabulaire particulier » utilisé pour créer une « zone de confort à l’intérieur de cet espace-là et une zone d’inconfort à l’extérieur ».
À cette époque-là, Sonia Backès a neuf ans et suit naturellement sa mère, devenue directrice de l’école de Scientologie, depuis fermée par l’État. Scolarisée pendant deux ans, elle passe ses examens au détecteur de mensonges. « J’ai vu le processus d’entrée, le processus d’emprise et puis à la sortie j’ai été aidée par une camarade qui a vu le logo (de l’Église Scientologique, ndlr) sur une enveloppe et qui m’a dit “attention, c’est une secte”. Pas une minute je ne m’étais imaginé ça ».
Le déclencheur d’un processus de remise en question qui aboutira peu avant ses treize ans lorsqu’elle décide de « tout envoyer balader ». Sa mère en revanche est restée scientologue jusqu’à son décès survenu il y a quelques mois.
La Miviludes alerte sur l’augmentation des dérives sectaires
Sonia Backès, en racontant son histoire personnelle, espère sensibiliser la population face aux dérives sectaires. Ce, alors que, deux ans après le début de la crise sanitaire, celles-ci font l’objet d’une « augmentation significative » des saisines, selon la Mission interministérielle chargée de lutter contre ces phénomènes (Miviludes).
Cette dernière a reçu 4020 saisines en 2021, soit une hausse de 33,6 % par rapport à l’année précédente et de près de 50 % par rapport à 2015, selon cet organisme qui a publié mercredi son rapport annuel.
À côté des « multinationales de la spiritualité », comme l’Église de scientologie, l’Anthroposophie ou les Témoins de Jéhovah, prospèrent aussi des « gourous 2.0 », qui se trouvent à la tête de groupes « mobiles, changeants et impalpables », caractéristiques d’un phénomène sectaire « à l’état gazeux », selon elle.
« Les dérives liées à la santé sont parmi les plus inquiétantes », affirme à l’AFP Sonia Backès. En 2021, 744 saisines ont concerné ce sujet. Ainsi, des « Assises des dérives sectaires et du complotisme » seront organisées « début 2023 » pour réunir les acteurs de la lutte contre ces phénomènes et aboutir à une feuille de route pour les années à venir.
source :
Huffington Post
Par Claire Tervé