Les dérives sectaires, caractérisées par la perte du libre arbitre des victimes, évoluent et se diversifient en France, comme le montre le dernier rapport d’activité de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
La première source constatée concerne les « médecines » alternatives dangereuses, qui ont donné lieu à 214 signalements en 2015, soit 17 % du total.
{{Gourou et médecines alternatives}}
Sous couvert de « médecine » quantique, ayurvédique ou chamanique, ou encore d’énergiologie, de reiki ou de magnétisme, se cachent parfois la manipulation mentale aux fins d’escroquerie. C’est ainsi qu’un pseudo thérapeute a été condamné à Paris en 2015 pour avoir créé de faux souvenirs dans le psychisme de patients, privés de sommeil et de nourriture. Convaincus d’avoir été victimes de maltraitance ou d’inceste ans leur enfance, ils subissaient l’emprise et les consultations ruineuses de leur gourou.
La Miviludes s’inquiète également de voir certaines de ces supposées thérapies pointer le bout du nez au sein des hôpitaux. Elle a ainsi alerté l’autorité régionale de santé en Paca à propos d’une technique de kinésie-thérapie baptisée « résonnance énergétique par stimulation cutanée ».
Le cancer, qui fragilise le psychisme des patients et peut les pousser à expérimenter tout type de thérapie alternative, constitue un terrain de chasse pour de nombreux charlatans. Outre les risques liés à l’abandon du traitement médicamenteux (préconisé notamment par une congrégation religieuse de l’ouest de la France qui a fait l’objet d’un signalement au procureur de la République), on retrouve, là encore, des cas de manipulation mentale et/où d’escroquerie, via la participation à de coûteuses « formations ». L’ « église » de scientologie reste à cet égard dans le collimateur de la Miviludes.
{{ Mouvance évangélique}}
Les charlatans se revendiquant d’une mouvance évangélique sont la deuxième menace identifiée en France par la Miviludes. Pas moins de 195 signalements ont été pris en compte sur ce thème par la mission en 2015, soit 16 % du total. En faisant bien la part des choses avec certains rituels très démonstratifs, courants en Afrique et aux Caraïbes, mais qui « n’ont rien de répréhensible », la Miviludes estime qu’ « il ne faut pas sous-estimer de véritables comportements déviants dans certaines églises ».
La mission met en garde contre les « pasteurs auto-proclamés ne lésinant pas sur les techniques promotionnelles, avec des shows spectaculaires présentés dans de nombreuses vidéos et des sites Internet où les appels aux dons sont parfois plus visibles que le message religieux, avec des systèmes de paiement en ligne facilités ». La ligne rouge est franchie lorsque le gourou obtient non seulement des dons financiers, mais aussi l’abandon de traitements médicaux ainsi que des faveurs sexuelles. Des séjours à l’étranger peuvent être proposés, notamment aux jeunes, et pour la plupart en Afrique, hors de tout contrôle de la famille. Parmi les déviances observées : mise en danger sanitaire, manipulation mentale, viol, mariage blanc, chantage, maltraitance physique.
{{
Djihadisme}}
Autre thématique développée dans son rapport d’activité, la radicalisation menant à l’action violente, notamment dans le djihadisme.
La mission rappelle cependant que la notion de dérive sectaire au sens strict ne peut être appliquée globalement à la radicalisation islamique et qu’elle doit être examinée par cas individuels. En effet, l’emprise mentale « se caractérise comme un état spécifique de dépendance où une perte de libre arbitre peut être mise en évidence. En ce sens, toute forme de radicalisation ne peut être assimilée à une dérive sectaire car il en va de la reconnaissance de la responsabilité de l’individu et du caractère volontaire de son engagement ». La nuance est évidemment d’importance sur un plan judiciaire.
Aux familles inquiètes quant à une radicalisation d’un proche, la Miviludes rappelle le soutien apporté par des associations telles que l’Unadfi et le CCMM-Roger Ikor.
source : André Thomas
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