22-01-2009

Pour la seconde fois en 10 ans, la secte Raël a reçu une baffe de la justice, du Tribunal fédéral (TF), dans une affaire l’opposant au quotidien fribourgeois «La Liberté». Le TF a rejeté le recours de la secte et de deux de ses membres, à la suite d’une enquête du journal sur les «Cafés féminité» lausannois.

La secte retient de la Bible un précepte au moins: il tend volontiers l’autre joue quand il prend une gifle, peut-on lire vendredi 16 janvier dans l’édition de «La Liberté». La dernière en date émane du Tribunal fédéral, qui vient de communiquer le fond de l’arrêt rendu le 26 novembre dernier par sa deuxième Cour de droit civil.

La haute cour absout «La Liberté» de tout reproche à la suite d’une enquête publiée au printemps 2005. Les journalistes Jérôme Cachin et Marie Bertholet révélaient alors que deux des organisateurs des «Cafés féminité», qui invitent le public lausannois à des soirées traitant des «valeurs féminines», sont en fait d’éminentes raëliennes.
Le «cheptel» du chef

Elles font partie de l’«ordre des anges» de Claude Vorilhon, alias Raël. Ces «anges», sur lesquels l’Agence Apic s’était arrêtée il y a quelques années, en consacrant un reportage à ce sujet.

Ces «anges», version raélienne, se caractérisent par leur disponibilité totale pour le chef Vorilhon et pour les Elohim, «ces extraterrestres qui nous ont créés et qui vont revenir», selon la secte.

L’enquête, s’appuyant sur celle de l’Apic précisait encore qu’«au centre des principes prônés par Raël, il y a la soumission sexuelle de ses disciples femmes». L’article de «La Liberté» précisait aussi que «la secte s’engage pour le clonage, avec ses relents d’eugénisme».

En 1998 déjà, le Tribunal fédéral avait donné raison à «La Liberté», qui avait refusé un droit de réponse après avoir publié une enquête de l’Apic, affirmant que la secte «prône théoriquement dans ses écrits la pédophilie et l’inceste».

{{Risque d’autocensure}}

Dans son commentaire écrit par le rédacteur en chef de «La Liberté», Louis Ruffieux, relève: «Décidément, la vie terrestre n’est qu’une vallée de larmes judiciaires pour le gourou Raël et ses disciples, qui préparent ici-bas le retour des extraterrestres Elohim».

Il constate que le Tribunal fédéral a confirmé sur toute la ligne un jugement du Tribunal cantonal vaudois, qui avait rejeté un recours de la secte et de deux de ses «anges» contre une décision du Tribunal de Vevey favorable à «La Liberté».

Et Louis Ruffieux d’enchaîner: «Ce nouveau jugement nous conforte dans l’idée que nous avons du rôle de la presse dans une démocratie. Il nous inspire aussi deux questions. Jusqu’à quand Raël pourra-t-il professer ses dangereuses inepties en toute impunité? Et est-ce logique que les dépens accordés par la justice à un journal qui n’a rien à se reprocher dans son travail soient très inférieurs aux moyens engagés pour sa défense? Cette pratique injuste expose la presse, déjà fragilisée économiquement, au pire des périls: l’autocensure».

http://www.bonnenouvelle.ch/