Les dix membres de la communauté sectaire Tabitha’s Place placés en garde à vue mardi après une vaste opération de gendarmerie dans leurs locaux de Sus (Pyrénées-Atlantiques), ont été remis en liberté, a-t-on appris jeudi auprès du procureur de la République de Pau.
Les déclarations des dix responsables de la communauté – neufs hommes et une femme – aux enquêteurs vont à présent être analysées et confrontées, a précisé à l’AFP le procureur Jean-Christophe Muller.
Ils ont été entendus dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en mars 2014 par M. Muller à la suite d’informations données par un ancien adepte concernant notamment « des faits d’abus de vulnérabilité dans le cadre d’un mouvement à caractère sectaire et des faits de violences sur mineurs », ainsi que sur des suspicions de travail dissimulé et de travail des enfants.
Les mineurs présents dans la communauté ont eux aussi été auditionnés et examinés par des médecins. Quatre d’entre eux, frères et soeurs d’une même famille âgés de 18 mois à treize ans, ont été placés auprès des services sociaux du Conseil général après la découverte de « traces récentes de corrections physiques », qui font partie d’un « mode d’éducation » revendiqué par cette secte affirmant appliquer strictement les préceptes de la Bible.
Le procureur de Pau a indiqué qu’il allait saisir un juge des enfants concernant les quatre mineurs placés et pour d’autres enfants hébergés dans cette communauté qui pourraient eux aussi avoir subi des violences.
Selon la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), « les punitions physiques sont réglementées et graduées » au sein de la secte, avec des coups de baguette d’osier ou de règle sur différentes parties du corps. Pour justifier ces violences, les adeptes invoquent un verset de la Bible: « La folie est liée au coeur des enfants; le bâton qui les châtie les en éloignera ».
Lors de l’opération, qui avait mobilisé quelque 200 gendarmes, 114 personnes ont été recensées dans les locaux de la secte à Sus, dont 48 mineurs.
En mars 2002, 19 membres de Tabitha’s Place avaient été condamnés par la Cour d’appel de Pau pour « soustraction aux obligations légales des parents », notamment refus de scolarisation et de vaccination de leurs enfants.
En 1997, un enfant de 19 mois y était décédé faute d’alimentation et de soins. Ses parents ont été condamnés à douze ans de réclusion criminelle.
source : PAU, 18 juin 2015 (AFP) –