Ses dernières sorties n’inspiraient pas forcément la crainte. Cet été, Éric-Régis Fiorile, figure connue de la complosphère, avait lancé le mouvement des « ronds verts ». L’idée : dénoncer la « dictature » en place – une critique pas seulement rapportée au contexte sanitaire – en posant ou taguant des ronds verts sur les routes ou dans les villes, rappelant le code couleur de l’organisation qu’il préside, le Conseil national de transition (CNT). Une démarche remarquée, bien qu’assez peu suivie, si on la compare à celle des gilets jaunes dont elle s’inspire.
L’homme a été interpellé et placé en garde à vue mercredi, au sein de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI). D’après l’AFP, il serait suspecté d’un « projet d’action violente ». Son interpellation a également été annoncée sur le site de son mouvement, qui a appelé ses militants à se rendre à Paris vendredi, comme l’appelait de ses voeux Éric-Régis Fiorile dans de récentes vidéos. Son interpellation ne serait toutefois pas liée à cet appel. Mais elle interviendrait dans le cadre d’une enquête visant un groupe d’extrême droite identitaire, « les Barjols« , démantelé il y a deux ans, et dont les membres sont soupçonnés d’avoir voulu commettre une action violente contre le président Emmanuel Macron.
Papa de la « Démosophie »
Éric-Régis Fiorile « préside » le CNT depuis son apparition en 2008. Celui-ci appelle à renverser le pouvoir en place considéré comme « illégitime ». Il s’appuie sur un concept imaginé par lui-même, couché dans un livre : la « Démosophie ». Soit un « modèle de société qui, au lieu d’être dirigée par l’oligarchie politique issue de la République, le serait par l’élite intellectuelle du pays, sans aucune sélection par la situation sociale, donc sans partis politiques, ni élections de dirigeants », développe le site internet de l’organisation.
Son principal fait d’armes remonte au 14 juillet 2015. En ce jour de fête nationale, près de 300 personnes présumées membres ou proches du CNT s’étaient réunies à Paris afin de renverser pacifiquement le pouvoir en prenant possession de l’Élysée, de l’hôtel de Matignon, et des palais du Luxembourg et Bourbon. Repartant sans troubles, mais évidemment sans gain de cause.
Inspiré par la crise sanitaire
La crise sanitaire du Covid-19 a donné un nouvel élan au CNT. Au-delà des « ronds verts », Éric-Régis Fiorile a multiplié ces derniers mois les vidéos à destination de ses 45 000 abonnés sur YouTube, fustigeant tour à tour le confinement « illégal », l’OMS « manipulée » par les grands groupes pharmaceutiques, le Conseil scientifique « vérolé » et plus récemment encore l’arrivée des vaccins sous la houlette de Bill Gates, le nouvel antéchrist des complotistes.
D’après Le Parisien, le médecin Yvon Le Flohic, commentateur avisé sur l’épidémie de Covid-19, très actif sur Twitter s’est ainsi vu adresser un « recommandé de menaces » signé d’Éric-Régis Fiorile. Si le médecin venait à faire des vaccins, il serait « intégré dans la liste des génocidaires susceptibles d’être traduits devant un tribunal militaro-populaire », prévenait le courrier.