Cinq ans et trois ans de prison ont été requis, vendredi, contre Christian Ruhaut et sa compagne, poursuivis pour abus de faiblesse et blanchiment.
C’était il y a une vingtaine d’années, à l’aube d’un millénaire porteur d’espoirs. Il y avait là Marie-Antoinette, Véronique, Christophe, Pascale, Brigitte, Catherine et Jean-Marc, entre autres. Ils étaient une quinzaine environ. Une médecin, une orthophoniste, un graphiste Web, une comédienne, des enseignants, et même un agrégé d’arts plastiques. Et puis Christian. Lui, le professeur de yoga, l’artiste-peintre. En ce début des années 2000, des rêves de « bien-être » et de « dépassement de soi » plein la tête, tout ce beau monde a soudainement quitté la grisaille d’Amiens, direction le sud. L’avenir s’annonçait radieux en Charente-Maritime et dans la Vienne, où le groupe venait d’acquérir deux demeures.
Fallait-il y voir une simple bande de potes, « un groupe de soixante-huitards montant une sorte d’auberge espagnole », comme l’a résumé une avocate de la défense ? Ou pouvait-on déceler les prémices d’une « dérive sectaire », ainsi que l’ont dénoncé les conseils des parties civiles ? Seulement deux choses apparaissent établies. D’abord, de yoga, en vingt ans, il ne fut presque jamais question. Et l’aventure, qui a tourné en eau de boudin, s’est conclue devant le tribunal correctionnel de Poitiers, jeudi 18 et vendredi 19 mars.
Christian Ruhaut, retraité de 73 ans, et sa compagne Catherine Brocq, 67 ans, directrice d’association à la retraite, comparaissaient notamment pour abus de faiblesse, accusés d’avoir profité de l’état de sujétion psychologique de plusieurs membres de cette communauté, et pour blanchiment de cette infraction. La justice soupçonne le couple de s’être enrichi sur le dos d’élèves sous emprise.