VANCOUVER – Le juge britanno-colombien chargé d’évaluer la loi canadienne contre la polygamie a entendu mardi son premier témoin, dans une affaire d’importance constitutionnelle qui finira clairement en bataille d’experts.

Le témoignage d’Angela Campbell, professeure en droit à l’Université McGill, a d’ailleurs été précédé par un débat relatif à ses compétences pour offrir un avis d’expert.

Mme Campbell s’est assise dans le box des témoins tandis que les avocats passaient son curriculum vitae au crible et son expérience en recherche pendant plus de deux heures.

Une telle scène risque de se répéter encore et encore, alors que des experts des deux côtés offriront leur opinion sur le pour et le contre d’un style de vie polygame.

Les débats se sont poursuivis jusqu’en début de soirée, soit jusqu’à ce que le juge en chef Robert Bauman décrète que Mme Campbell avait la permission de témoigner, ce qu’elle fera à compter de mercredi.

Le juge Bauman a statué que Mme Campbell pouvait être entendue à titre de témoin-expert, mais n’a pas donné de raisons pour motiver sa décision.

Mme Campbell a visité la communauté de Bountiful, en Colombie-Britannique, en 2008 et 2009 pour y interviewer des femmes, dans le cadre de sa recherche sur la polygamie dans un contexte religieux.

Elle a déjà déposé deux déclarations sous serment détaillant son opinion selon laquelle la prohibition de la polygamie est néfaste.

Selon Mme Campbell, s’il y a des torts associés à la polygamie, la loi semble incapable de les empêcher, et rend plutôt l’obtention d’aide plus difficile pour les gens vivant dans des communautés polygames.

Son expertise a cependant été mise en doute par un avocat du groupe Stop Polygamy in Canada.

Brian Samuels a souligné que Mme Campbell avait une formation en droit, et non pas en sociologie, en psychologie ou en ethnographie. Il a également mis son expertise en doute, lui demandant si elle savait que Bountiful avait une tendance au secret, et que les gens vivant dans des communautés religieuses si fermées pouvaient être encouragés à mentir aux étrangers. Mme Campbell a répondu qu’elle en était consciente.

La branche criminelle du système judiciaire de la Colombie-Britannique a accusé les chefs de Bountiful, Winston Blackmore et James Oler, de pratiquer la polygamie, mais ces accusations ont été annulées en cour, car plusieurs avis légaux avaient suggéré, par le passé, de ne pas aller de l’avant avec de telles accusations.

La province a ensuite demandé à la Cour suprême de la Colombie-Britannique d’examiner si l’interdiction de la polygamie violait la Charte canadienne des droits et libertés, ce que soutiennent MM. Blackmore et Oler.

Métro Montréal

James Keller, La Presse Canadienne

30 novembre 2010

http://www.journalmetro.com/linfo/article/706494–polygamie-debut-des-temoignages-en-c-b