La Pologne est un pays où l’influence de l’Eglise reste importante. Le pays compte l’un des taux les plus élevés de catholiques au monde, soit près de 93% de la population. Pourtant les récentes mobilisations en faveur d’un droit à l’avortement et les derniers scandales de pédocriminalité dans l’Eglise ont sérieusement entaché l’attachement des Polonais envers l’Eglise
Une crise profonde
En effet, seuls 9% des jeunes Polonais aujourd’hui ont une image positive de cette institution. Et ces dernières semaines, les demandes d’apostasie, c’est-à-dire le renoncement à la foi catholique, se sont même multipliées dans le sillage de toute une mobilisation inédite en faveur du droit à l’avortement.
A 33 ans, Maria est engagée dans une procédure d’apostasie. « J’ai toujours considéré la religion comme étant un sujet intime et, en fait, je m’aperçois que ce n’est pas si intime que cela et que cela devient un argument pour justifier l’implication de l’institution catholique et ses représentants en politique. On participera parce que 93% des Polonais sont catholiques. Je ne veux pas être une statistique. Cette apostasie est symbolique, bien sûr, parce que je vais continuer à payer des impôts qui servent à financer l’Église catholique », explique la jeune femme.
La crise que traverse l’Église catholique en Pologne est profonde, dans un pays où la proximité entre l’épiscopat polonais et le Parti conservateur Droit et Justice, au pouvoir depuis 2015, est dénoncée, tout comme les paroles souvent dures sur la communauté LGBT. Mais surtout, les scandales de pédophilie au sein de l’Église catholique ont secoué l’opinion publique. Une crise, alors que sous la période communiste, l’Église était vue comme un refuge par la population.
« Pendant le communisme, l’identité de l’Église s’est construite en opposition à cet environnement non religieux. L’Église a apporté une alternative à la population sous la forme de la foi. Et aujourd’hui, c’est très dur d’être encore une alternative. Ce que propose l’Église n’est plus très intéressant pour les Polonais, surtout les jeunes », analyse Marcin Zwierzdzyinski, sociologue des religions.
Une institution qui peine à se moderniser ?
Aujourd’hui, selon un sondage, 41% des Polonais seulement ont une image positive de l’Église, qui peine à se moderniser, notamment lors des cours de catéchisme dispensés dans toutes les écoles publiques polonaises et financés par l’État. Ils ne sont pas obligatoires en théorie, mais en pratique, beaucoup d’étudiants y sont inscrits.
Pour Natalia, c’est en partie cela qui la détache de l’Eglise, « notre professeure nous effrayait à chaque leçon. Elle nous disait par exemple que la contraception est le plus grand des péchés et que si une femme utilise un stérilet, son enfant naîtra alors avec un stérilet dans la tête ».
Une Église en Pologne aujourd’hui divisée. Il y a quelques semaines, un groupe de catholiques, prêtres et laïcs, ont signé un appel pour demander à l’Église polonaise de prendre ses distances avec le Parti conservateur Droit et Justice au pouvoir.
source :
https://www.rtbf.be/info/monde/europe/detail_pologne-quand-l-eglise-perd-de-son-influence-dans-l-un-des-pays-les-plus-catholiques-au-monde?id=10663326