Doctolib passe décidément un bien mauvais été. La principale plateforme de prise de rendez-vous médicaux en France est au coeur de plusieurs polémiques remettant en cause sa capacité à orienter ses utilisateurs vers de véritables professionnels de santé. Le site est d’autant plus critiqué qu’il a acquis, grâce à son aide lors de la campagne de vaccination contre le Covid-19 en France, un quasi-statut de service public dont il n’endosse pas toutes les responsabilités.
Le premier acte a commencé le week-end du 20-21 août, lorsque des professionnels de santé et des patients ont accusé Doctolib de proposer à ses utilisateurs des « praticiens bien-être » sans préciser qu’il ne s’agit pas de véritables professionnels de santé, ce qui entretiendrait selon eux une confusion potentiellement dangereuse pour les patients. La polémique a pris de l’ampleur quand des internautes ont découvert que des praticiens présents sur la plateforme, dont plusieurs naturopathes, ont des pratiques dangereuses, proches du charlatanisme et des dérives sectaires.
Forcé de réagir, le groupe Doctolib a suspendu, lundi 22 août, 17 profils de naturopathes qui mettaient en avant leur formation avec Thierry Casasnovas et Irène Grosjean, deux personnalités influentes dans le milieu des médecines dites alternatives mais dont les pratiques sont dénoncées depuis des années. Mardi, l’Ordre des médecins enfonçait le clou en demandant à Doctolib « de renforcer ses règles éthiques pour s’inscrire sur sa plateforme » afin d’éviter de participer à installer chez ses utilisateurs « une confusion » entre professionnels de santé et disciplines sans fondement médical. « La réaction de l’Ordre est celle que nous attendions, mais nous aurions souhaité qu’ils réagissent avant la polémique, pas a posteriori, qu’ils soient proactifs et vérifient eux-mêmes les profils des praticiens », souligne Pierre de Bremond d’Ars, médecin généraliste et président de (No)FakeMed, un collectif qui rassemble des professionnels de santé luttant contre les dérives sectaires.