PARIS, 17 mai 2008 (AFP) – Le responsable d’un bateau-école qui proposai à des adolescents des croisières pour « favoriser l’épanouissement de l’enfant » a été mis en examen samedi par un juge parisien pour viols et agressions sexuelles aggravés et écroué, a-t-on appris de source judiciaire.

Léonid Kameneff, 72 ans, capitaine de l’ancien thonier « Karrek Ven » et
fondateur de l’association « L’école en bateau » à l’origine des croisières, avait été extradé du Venezuela à la demande de la justice française qui avait délivré à son encontre le 25 mai 2007 un mandat d’arrêt international.
Cette extradition avait été autorisée le 9 mai par le tribunal suprême de
justice (TSJ) du Venezuela.
Arrivé à l’aéroport de Roissy samedi peu avant 9H00 en provenance de
Caracas, il avait été pris en charge par des policiers et conduit au palais de justice de Paris.
Présenté dans l’après-midi à un juge d’instruction, il a été mis en examen
pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de 15 ans par personne ayantautorité » entre août 1979 et 1992, a-t-on précisé de même source.
l a été placé en détention provisoire par un juge des libertés et de la
détention (JLD) conformément aux réquisitions du parquet de Paris.
Une trentaine de jeunes ayant navigué sur le bateau-école ont dénoncé à la police des abus sexuels et 14 se sont constitués parties civiles, les faits dénoncés par les autres étant prescrits.
Le second du bateau-école, Bernard Poggi, avait été interpellé en janvier
dans l’est de la France et mis en examen à Paris pour « viols et agressions sexuelles sur mineurs de moins de 15 ans » et placé en détention provisoire.

Les aventures des adolescents du « Karrek Ven » avaient fait l’objet
d’émissions sur une chaîne publique dans les années 80.
Fondée par Léonid Kameneff, l’association « L’école en bateau » prônait
« l’épanouissement intellectuel, psychologique et social de l’enfant », a expliqué une source proche du dossier, ajoutant que « le marin pédagogue aurait encouragé les adolescents à vivre nu et à avoir des relations sexuelles entre eux ou avec des adultes ».
Si une majorité d’enfants ont rapporté à la justice, selon cette source,
avoir « passé un séjour formidable » à bord du thonier, d’autres ont dénoncé l’aspect sectaire et ambigu de l’éducation pratiquée. Ils ont notamment décritdes séances d’autocritique et d’accusation publique, des séances de massage ou de masturbation collective.
Une première plainte visant nommément le capitaine et son second avait été
déposée en janvier 2003 au parquet de Fort-de-France (Martinique) qui avait désigné un juge d’instruction. Sept autres personnes se déclarant victimes se sont alors fait connaître du magistrat.
En février 2006, la cour de cassation a rapatrié le dossier d’instruction à
Paris à la suite d’une requête en suspicion légitime des parties civiles qui
dénonçaient l’immobilisme du juge de Fort-de-France dans cette affaire.
Le dossier a été confiée à la juge Nathalie Dutartre qui a émis des mandats d’arrêt contre les deux principaux protagonistes de l’affaire.

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AF172054 MAI 08