Il y a deux ans – en pleine tourmente des affaires Preynat et Barbarin à LYON – la Conférence des évêques de France a décidé de confier à une commission indépendante (la CIASE) la mission de faire la lumière sur les abus sexuels dans l’Église depuis les années 50.

L’appel à témoignage qui a débuté en juin 2019 se termine dans quatre semaines, le 31 octobre. Ce lundi 5 octobre, sur RTL, Jean-Marc Sauvé, le président de la CIASE, lance un ultime appel aux victimes qui n’auraient pas encore osé prendre contact avec la commission : « Nous ne pouvons mener à bien notre travail que si les victimes prennent la parole, si elles nous disent ce qui leur est arrivé, dans quelles circonstances, et comment elles ont pu vivre depuis. Faire place à la parole des victimes, au traumatisme qu’elles ont ressenti, et à l’enfermement dans lequel beaucoup d’entre elles ont vécu pendant des dizaines d’années, c’est cela dont nous voulons en priorité rendre compte. »

Jean-Marc Sauvé ajoute : « Faire la lumière sur ce qui s’est passé, on peut y arriver avec différents outils de recherche en sciences sociales, par l’exploration des archives, mais pour faire la lumière, il faut bien sûr d’abord, que les victimes puissent dire ce qui leur est arrivé. »

Pour joindre la CIASE : 7 jours sur 7 de 9 heures à 21 heures au 01.80.52.33.55 ou par mail victimes@ciase.fr, ou par courrier postal à l’adresse suivante Service CIASE – BP 30132 – 75525 PARIS cedex 11.

Près de deux tiers des victimes avaient moins de 15 ans

D’après ces témoignages, les trois quarts des agresseurs sont des prêtres, moins souvent des religieux (membres de congrégations) et pour 1%, ce sont des religieuses. Ces prêtres abuseurs ont sévi dans les établissements scolaires catholiques, dans les aumôneries et mouvements de jeunesse. Deux profils se dessinent  : le délinquant occasionnel qui cède à une pulsion et le délinquant d’habitude, multirécidiviste, pervers qui agit de façon méthodique et répétée.

1.500 noms de « prédateurs » identifiés

Dans la plupart des cas rapportés par les victimes, les abus se déroulaient dans des locaux scolaires ou liés à l’Église, mais 5 % des victimes confient avoir été abusées au domicile familial, lors de visites du prêtre. L’une d’elles raconte :  « C’était le summum de la transgression puisque mes parents étaient commerçants, et qu’ils travaillaient au rez-de-chaussée, dans le magasin, que les abus se passaient dans la salle à manger au 1er étage. La séparation entre le pédophile et moi d’une part et mes parents d’autre part, c’était un escalier. »

Un premier inventaire dans les diocèses a fait remonter 1.500 noms de « prédateurs » depuis les années 1950. Des noms communiqués à la commission par les évêques, mais la commission va aller elle-même fouiller dans les archives. Elle a ciblé 33 diocèses et une vingtaine de congrégations religieuses.

Le cardinal Barbarin écrit dans le livre qu’il vient de publier En mon âme et conscience, qu’en 2010, il avait trouvé dans le dossier de Bernard Preynat deux lettres : l’une pour accuser le prêtre, l’autre pour le défendre. Il pose la question : avait-on fait disparaître ce qui était trop compromettant ? Une troisième lettre a refait surface ensuite, quand l’affaire a éclaté.

500 dossiers transmis à la justice

source : https://www.rtl.fr/actu/debats-societe/pedophilie-dans-l-eglise-plus-de-4-000-victimes-et-1-500-predateurs-identifies-7800880298