Le média indépendant de vérification des faits Politifact traite principalement de la politique américaine et a passé au crible les déclarations des deux camps qui s’opposent lors de l’élection. Selon Daniel Funke, la majeure partie de la désinformation ayant circulé avant l’élection était en faveur du président sortant Donald Trump.
La majeure partie de la désinformation ces derniers temps semble venir de sources conservatrices, que ce soit des pages ou des groupes, qui essaient de défendre le bilan du président et de le propulser à la Maison Blanche pour quatre années supplémentaires.
Politifact a vérifié 897 déclarations du président Trump et seulement 12 % d’entre elles étaient avérées ou “principalement vraies”, les autres catégories étant “à moitié vraies”, “principalement fausses”, “fausses” et “carrément n’importe quoi”. Sur les 173 déclarations de son adversaire démocrate Joe Biden, le chiffre des déclarations “vraies” et “principalement vraies” s’élève à 36 %.
Daniel Funke a sélectionné pour les Observateurs de France 24 les allégations fausses ou trompeuses les plus importantes de cette saison électorale.
Théories du complot sur le fils de Joe Biden
La supposée implication de Joe Biden dans les affaires commerciales de son fils Hunter Biden à l’étranger, particulièrement en Ukraine et en Chine, a été l’objet de nombreuses théories du complot ou d’allégations sans fondement avant l’élection.
Ces affirmations se concentrent notamment sur un supposé ordinateur portable de Hunter Biden dans lequel se trouverait des preuves d’accords commerciaux douteux et d’activités criminelles. Selon un article du tabloïd conservateur The New York Post, Hunter Biden aurait envoyé un email pour tenter de présenter son père à un homme d’affaires ukrainien, à une époque où Joe Biden était vice-président et menait des négociations stratégiques avec l’Ukraine.
Le 15 octobre, Donald Trump a tweeté : “Joe Biden doit rendre immédiatement publics tous les emails, toutes les réunions, appels téléphoniques, transcriptions et documents liés à son implications dans les affaires et l’influence de sa famille dans le monde, y compris en CHINE !”
Daniel Funke explique :
Politifact et d’autres médias fiables n’ont pas été en mesure de vérifier l’authenticité de ces emails. Mais ils ont créé un long cycle médiatique que nous couvrons toujours aujourd’hui, à quelques jours de l’élection. Dans ce contexte les médias conservateurs tentent de présenter la famille Biden comme une famille corrompue ayant utilisé son nom pour mener des affaires très lucratives à l’international.
Cet ordinateur portable a inspiré d’autres histoires. Des internautes ont commencé à affirmer qu’il contenait aussi des images pédopornographiques ou des preuves d’activités criminelles.
“Hunter Biden avait sur son ordinateur portable 25 000 photos de lui en train de torturer et violer des enfants de moins de 10 ans en Chine”, affirme cette internaute sur Facebook.
Chanel Rion, la principale correspondante à la Maison Blanche pour la chaîne conservatrice One America News, affirme avoir vu sur le disque dur de Hunter Biden des “drogues, des obsessions pour les mineurs et des ‘gros contrats’”, mais n’a pas présenté de preuves permettant d’étayer ses propos.
QAnon, un mouvement complotiste américain qui relaie de nombreuses théories liées au traffic d’enfants et à la pédophilie, s’est emparé de ces déclarations.
Daniel Funke poursuit :
Cette nouvelle version de la théorie du complot prétend que l’ordinateur portable, dont le contenu n’a pas pu être vérifié par les journalistes, appartient à Hunter Biden et contient des images de mineurs et de Hunter Biden abusant d’enfants. Nous avons vu ces allégations circuler un peu partout sur Facebook, TikTok, Instagram et à peu près tous les réseaux sociaux possibles ces derniers jours, et nous n’avons pas pu trouver le moindre élément de preuve permettant de les appuyer.
Le Covid-19 “bientôt terminé” selon Trump, vraiment ?
Les conséquences de la pandémie de Covid-19 aux États-Unis et sa gestion par le gouvernement sont au cœur du débat électoral mais aussi des sujets de désinformation. Depuis le début, Donald Trump a minimisé la dangerosité du virus, déclarant à plusieurs reprises que les États-Unis “en ont bientôt fini” et que le pire était passé.
Donald Trump affirme sur Twitter le 27 octobre que les États-Unis “en ont bientôt fini” avec le Covid-19.
“On en a bientôt fini, on a les vaccins, on a tout ce qu’il faut”, a dit Donald Trump au sujet du Covid-19 lors d’un meeting dans le New Hampshire tenu le 25 octobre.
Ces déclarations interviennent alors que les chiffres sur le virus continuent d’augmenter, atteignant des records sur le nombre de nouveaux cas quotidiens. Daniel Funke décrypte ce paradoxe :
C’est assez clair que la campagne de Donald Trump essaye de dresser un portrait flatteur de la gestion de la pandémie par son administration quand, en fait, le nombre d’hospitalisations, de morts et de cas augmente. Le président a déclaré qu’”on en a bientôt fini” avec le coronavirus, que c’est presque terminé, que ça va mieux ici aux États-Unis, que nos cas et nos morts diminuent. Compte tenu des informations à notre disposition, nous avons catégorisé ces déclarations du candidat comme “fausses”.
Bien que Donald Trump ait fait beaucoup de fausses déclarations sur le coronavirus, il a aussi été la cible d’affirmations mensongères. Une vidéo partagée par l’équipe de campagne de Joe Biden a sorti les propos de Donald Trump de leur contexte pour lui faire dire que le Covid-19 est un canular. En réalité, il qualifiait de “canular” la réponse des démocrates à la pandémie.
Une fraude électorale généralisée ?
Certains Américains doivent se rendre aux urnes le jour de l’élection le 3 novembre, mais un nombre sans précédent d’entre eux a déjà voté via des procédures de vote anticipé ou par correspondance, des démarches souvent liées à la pandémie de Covid-19. Le vote par correspondance a été un sujet majeur de désinformation.
Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises que le vote par correspondance était plein de fraudes, que les bulletins pouvaient être modifiés ou que certains États ne vérifiaient pas les signatures des votants.
Dans un tweet du 27 octobre, Donald Trump affirme qu’il y a “de gros problèmes et irrégularités” avec le vote par correspondance.
Daniel Funke détaille :
Il n’existe pas de preuve permettant d’appuyer ces déclarations. Il y a relativement peu de cas de fraude électorale chaque année aux États-Unis. Dans chaque état les votes par correspondance sont sécurisés par des signatures ou d’autres moyens. Le président Donald Trump et son équipe de campagne ont essayé d’attirer l’attention sur les risques et les dangers pour minimiser le vote en faveur du camp démocrate.
Comme Daniel Funke l’explique, la désinformation risque de ne pas s’arrêter à la fermeture des bureaux de vote :
Nous ne nous attendons pas à connaître le nom du vainqueur le soir du 3 novembre, comme c’est pourtant généralement le cas aux États-Unis. On espère l’avoir peut être une semaine ou deux plus tard, sachant que davantage d’États doivent dépouiller le vote par correspondance. Cette situation va générer beaucoup d’incertitudes, et l’incertitude est un terrain fertile pour la désinformation. Nous redoutons que l’une des deux campagnes s’avance et déclare “nous avons gagné l’élection” alors qu’il reste encore un nombre significatif de votes par correspondance ou par procuration à compter.
Nous allons continuer de dépister les fausses déclarations sur l’élection, même après la proclamation du vainqueur.
source : https://fr.news.yahoo.com/p%C3%A9dophilie-covid-19-fraude-%C3%A9lectorale-162919943.html
Article écrit par Pariesa Young