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C’est un documentaire exceptionnel consacré à la pédophilie au sein de l’Église que TF1 diffusait dimanche. Dans Pédophilie dans l’Église, la fin de l’omerta, Maud Gangler, de l’agence CAPA, s’intéresse aux enfants, qui devenus adultes, décident de prendre la parole pour dénoncer les actes pédophiles commis par des prêtres ou des religieux. Une libération de la parole permise par l’actualité de ces dernières années, pendant laquelle les affaires se sont multipliées. « L’affaire Barbarin a tout changé », explique Maud Gangler au micro d’Europe 1.
Pour autant, pour parvenir à recueillir ces récits de victimes, souvent bouleversants, la journaliste a dû, pendant les neufs mois qu’a nécessité son enquête, nouer des liens de confiance avec ses interlocuteurs. « Même si les victimes ont envie de parler, ça reste tabou, ça reste très douloureux », explique-t-elle à Europe 1. « On aborde pas le sujet de la pédophilie dans l’Église comme un autre sujet ». Pour son enquête, Maud Gangler a donc passé beaucoup de temps hors caméra, pour aller rencontrer les sujets de son documentaire et « voir s’ils accepteraient de parler. On ne met pas la caméra sous le nez de victimes adultes ou enfants. Il faut du temps ».
Commandée par TF1, l’enquête a été diffusée dans la case Grands reportages, juste après le 13 heures présenté par Anne-Claire Coudray. Une tranche stratégique regardée en moyenne par 3.400.000 téléspectateurs chaque semaine. Une exposition importante, qui réjouit Maud Gangler. « Ça a une vertu pédagogique très importante, c’est une case regardée par les familles », note-t-elle. « C’est important que des parents et des grands-parents voient ça pour parler de la pédophilie dans l’Église, mais aussi en général ». « Par ailleurs, conclut-elle, beaucoup de gens n’ont pas encore parlé de ce qui leur est arrivé ».
« Les victimes ont été enfermées dans le silence pendant des décennies »
En proie à de nombreuses affaires, l’Église a notamment été fragilisée par les révélations autour du cardinal Barbarin, condamné en première instance à six mois de prison avec sursis pour ne pas avoir dénoncé les agissements d’un de ses prêtres, le père Preynat. « L’affaire Barbarin a tout changé », explique Maud Gangler, « les victimes avec lesquelles j’ai parlé ont été enfermées dans le silence pendant des décennies. Le fait d’entendre la Parole libérée, ça a déclenché quelque chose d »extrêmement fort chez eux, et tout un mouvement inverse, avec le besoin de parler ».
Et face à cette nouvelle enquête, l’Église s’est tout d’abord enfermée dans le silence. Alors qu’elle souhait filmer des initiatives dans certains diocèses, « ça a été très compliqué, j’ai eu des non, des portes fermées », raconte Maud Gangler. C’est après être passée par la Conférence des évêques de France que « les choses se sont vraiment débloquées », indique-t-elle encore. « Ils m’ont plutôt accompagné dans la démarche ».