Chères et chers adeptes des théories du complot de Suisse romande et d’ailleurs, pour une fois, nous allons vous donner raison!
Vous êtes convaincus que tout est manipulation? Alors voilà. Le jeune homme que vous avez accueilli parmi vous durant près de deux mois cet été n’était pas un sympathisant de vos causes farfelues, mais un journaliste en mission «undercover» (sous-couverture) pour Heidi.news.
Désormais sorti de vos rangs, Sami Zaïbi raconte son séjour passionnant parmi vous dans les sept épisodes que nous allons publier ces prochains jours ainsi que dans un reportage produit par nos consœurs et confrères de Léman Bleu. Avec du respect pour vos différentes personnalités, même si certaines sont excentriques, mais une saine distance avec vos idées, qui sont abracadabrantes et dangereuses.
Je me souviens de cet appel de Sami en août, alors qu’il était encore parmi vous: «Il y en a une qui vient de me dire, face caméra, qu’il y avait une deuxième Suisse, sous la Suisse, une Suisse souterraine, avec les mêmes rues, les mêmes magasins, et que c’était là que l’Etat cachait les enfants qu’il a arrachés aux familles, pour que les réseaux pédocriminels puissent venir se servir».
Cela pourrait prêter à sourire. Dans Tintin, cette brave dame serait affublée d’un entonnoir sur la tête et prêcherait la fin du monde, dans l’indifférence générale. Mais en ces mois de pandémie et d’incertitudes, vos théories ont bénéficié d’un écho gigantesque. Vos vidéos font des dizaines de milliers de vues. Elles participent de ce «floutage» de la réalité, de ces «vérités alternatives» dont bénéficient les politiciens populistes. D’ailleurs, beaucoup d’entre vous considérez Donald Trump comme un héros.
Sur Facebook, tout se vaut. On peut liker et partager aussi bien la «révélation» que le Covid-19 a été préparé par Bill Gates pour nous enfiler des puces dans le corps que l’article sérieux sur les séquelles à long terme du Covid. Comme l’humain est humain, le premier contenu aura plus de succès que le second…
Pourquoi 50% d’Européens se montrent ils perméables à au moins l’une des théories de votre bouquet conspirationiste? Parce que vous offrez des certitudes à l’emporte-pièce et la lecture simple d’un monde compliqué. «Le monde est dominé par les francs-maçons», comme vous dites, est un message plus digeste que des années d’études de sciences politiques. Vous ignorez le «je ne sais pas» des scientifiques et des journalistes au début de leur enquête. Et cela vous gonfle d’orgueil, d’un sentiment de supériorité face aux «masses manipulées». Vous savez tout, vous expliquez tout, ce qui fait mouche dans un monde inquiet.
Pour nous, tout a commencé par ces lettres d’insultes que nous avons reçues de certains d’entre vous dès le début de la pandémie. Nous autres journalistes étions des soumis, des débiles, des lèche-botte des puissants, des affidés de Bill Gates, des décérébrés, des victimes consentantes. Notre mort était annoncée, parfois souhaitée.
La violence de vos propos nous a interpellés. De même que le succès de vos vidéos sur Agora TV. Nous avons voulu amorcer un dialogue, vous n’avez jamais répondu à nos questions. Alors j’ai appelé Sami Zaïbi, l’un de mes anciens étudiants au Master de journalisme à Neuchâtel, et lui ai proposé une mission «un peu kamikaze».
Certes, la méthode de l’infiltration est discutable. L’article 4 de la convention de Munich sur les droits et devoirs des journalistes exige que les informations soient obtenues par des «méthodes loyales». Mais l’article 1, lui, demande de respecter la vérité. En ce qui concerne le journalisme «undercover» et les caméras cachées, la jurisprudence suisse et européenne (arrêt Haldimann, 2015) exige, pour les justifier, que l’information ainsi obtenue soit d’intérêt public et qu’il n’y ait pas d’autre moyen de l’obtenir.
Pour moi, ces deux conditions sont réunies. Car voilà, sans ôter le suspense de la série en cours, ce que nous apprend le séjour de Sami Zaïbi parmi vous:
Votre positionnement politique allie les deux extrêmes, de la gauche altermondialiste à la droite ultra-nationaliste, des «gilets jaunes» à l’UDC, en passant par Donald Trump et le soutien à des personnalités controversées comme le comique Dieudonné, condamné pour propos racistes et antisémites.
Votre idéologie est empreinte d’un substrat religieux que n’incarnent pas les églises traditionnelles. En témoignent vos constantes références à «Satan» derrière les soi-disant complots que vous dénoncez.
Votre stratégie est clairement celle d’une conquête de l’opinion. Pour cela, vous êtes prêts à mettre parfois de côté vos idées les plus farfelues pour rassembler autour de sujets plus «mainstream», comme l’opposition à l’application SwissCovid ou le rejet du port du masque. Je me demande comment vont réagir à la lecture de notre série les politiciens comme l’UDC Jean-Luc Addor qui se sont associés à certaines de vos causes sans forcément connaître l’ensemble de votre idéologie.
Au fur et à mesure des semaines passées en votre compagnie, nous avons réalisé à quel point vous vous inscrivez dans le sillage du mouvement américain QAnon. Les deux similitudes les plus frappantes sont:
Le regroupement au sein de votre mouvement de tous les complots: 5G, Bill Gates, vaccins, pandémie, pédocriminalité d’Etat,
Vous entendez jouer un rôle politique, comme QAnon le fait en soutenant Donald Trump et des dizaines de candidats au Congrès américain. Vous êtes profondément anti-démocratiques mais n’hésitez pas à faire usage des outils de la démocratie directe. Par exemple en lançant le référendum anti-SwissCovid (fin de la récolte des signatures prévue ce jeudi 8 octobre) et l’organisation de manifestations publiques anti-masques, comme celle du 12 septembre à Genève.
PS. Au cours de notre enquête, nous avons découvert que plusieurs d’entre vous, et notamment Chloé Frammery, votre figure centrale, étiez enseignants, employés par les départements romands de l’instruction publique. Nous n’avons pas l’intention d’attenter à votre liberté d’expression. Mais exposer des enfants à vos théories anti-scientifiques et anti-démocratiques ne nous paraît pas une bonne idée. Nous allons par conséquent interpeller les DIP vaudois et genevois à ce sujet.
source : par Serge MichelPublié le 28 septembre 2020, 16:02. Modifié le 29 septembre 2020, 17:58.
Après avoir gagné sa confiance sur les réseaux sociaux, j’obtiens une première rencontre avec Chloé Frammery, la star genevoise des complotistes, pour près de deux mois de «undercover journalism», une infiltration qui commence sur la terrasse brûlante du café Remor, à Genève.
«T’as pas mis un masque, quand même?»
C’est la première question que me pose Chloé Frammery, les sourcils froncés, lorsque je lui explique être venu de Lausanne en train. Nous sommes le 14 juillet, huit jours après l’instauration du port du masque obligatoire dans les transports publics. J’improvise:
Non, non, seulement quand le contrôleur est passé… pour ne pas me faire sortir du train
Mais il n’y a aucun arrêt entre Lausanne et Genève, fait-elle remarquer, tu aurais pu tenir tête au contrôleur et de toute façon descendre à Genève.
Hum… c’était un RegioExpress!
Ouf. Pour cette fois, je m’en sors. Mais je me rends compte que je vais devoir m’accoutumer à mon nouveau rôle: journaliste complotiste.
Nous sommes sur la terrasse du Café Remor, à Genève, par une touffeur écrasante. Chloé Frammery, grande blonde élancée au sourire «Colgate», très maquillée, m’accueille d’une bise chaleureuse à laquelle je ne peux pas échapper. Elle me tend un flyer enjoignant à «boycotter massivement le port du masque» ainsi qu’une pétition contre l’application de traçage SwissCovid, que je m’empresse de signer. Ici, on n’a «pas peur du Covid», on a échappé à la «matrice», on est entre «éveillés». Ici on sait que le Covid est une vaste fumisterie.
Pour comprendre qui est cette femme et comment j’ai atterri à sa table, il faut remonter quelques mois en arrière.
La soupe de vaccins
Mars 2020. Chloé Frammery, enseignante de mathématiques dans un collège genevois, d’origine franco-belge, publie sur Facebook une vidéo intitulée «La crise vue de Suisse». Se filmant devant le siège de GAVI (Global alliance for vaccination immunisation), une organisation internationale sise à Genève œuvrant à faciliter la vaccination dans les pays en voie de développement, elle débite un discours qui fera mouche. Elle évoque les liens entre GAVI, la fondation Bill & Melinda Gates, l’OMS et l’industrie pharmaceutique autour du projet ID2020, qui a pour but de mieux prendre en charge les sans-papiers en leur créant une identité numérique grâce à la biométrie. Sur ce socle véridique et vérifiable, elle extrapole: «cette petite bande» serait en train de mettre au point un «petite soupe de vaccins avec des puces électroniques» afin de nous inoculer des «dispositifs de surveillance».
Peu importe: la vidéo d’une vingtaine de minutes devient virale, cumule plus de 2,5 millions de vues sur Facebook avant de se faire censurer par le géant américain. Elle donne une visibilité aussi soudaine que massive à cette femme qui s’était affichée comme «gilet jaune» à Genève et était apparue sur des vidéos en compagnie du comique français controversé Dieudonné, condamné récemment par la justice française à 10’000 euros d’amende pour avoir tenu des propos racistes et «injurieux à l’égard des juifs victimes de l’Holocauste» en juin 2017, dans son spectacle Le Bal des quenelles. Avec la vidéo «la crise vue de Suisse», la chaîne de Chloé Frammery passe de 200 abonnés à 5000 en deux jours, et continuera à croître jusqu’à atteindre 23’200 au moment où j’écris ces lignes, à la mi-septembre 2020.
Les merdias corrompus
Les mois suivants, Chloé Frammery capitalise sur ce coup de projecteur pour gagner de la popularité sur les réseaux et se mettre en lien avec les «éveillés» français et suisses. Ensemble et avec l’aide d’un cameraman amateur, ils lancent, en avril, Agora TV. «La nouvelle chaîne de télévision web», qui emprunte son générique à la BBC, se veut une alternative aux grands «merdias corrompus et mondialistes». Selon les complotistes, tous les médias généralistes sont complices du pouvoir et alimentent une peur irrationnelle autour du virus.
La chaîne YouTube vise à centraliser et visibiliser les discours des «lanceurs d’alerte», comme s’autoproclament les complotistes, de la région genevoise et lémanique. Les vidéos consistent généralement en des «allocutions» de «lanceurs d’alerte», qui racontent face caméra l’horrible vérité qu’ils connaissent et «qu’on ne voit pas dans les médias». Le montage rudimentaire et le côté «écoutez-moi, moi je sais ce qui se passe réellement» donnent à ces vidéos une authenticité, un «parfum de vérité».
Réinformer la population au plus vite
Agora TV s’intéresse à cinq principaux thèmes: le satanisme, la pédocriminalité, la 5G, les vaccins et évidemment le Covid. Pour les «lanceurs d’alerte», tous ces sujets sont étroitement liés et forment ensemble un immense et dangereux complot ourdi à Genève, siège de la mondialisation où se trouvent les sièges de GAVI, de l’OMS et de l’ONU. Il s’agit de prévenir la population au plus vite, de la «réinformer». Début septembre, la chaîne comptait plus de 27’500 abonnés et sa vidéo la plus populaire, qui annonce que le vaccin en cours de préparation contre le Covid contiendra diverses maladies dont le Sida, atteignait 1,9 millions de vues.
Serge Michel, le directeur éditorial de Heidi.news, a observé de près l’essor du mouvement à Genève, sans recevoir de réponse quand il a voulu leur poser des questions. En juin il m’a appellé pour me proposer une mission qu’il qualifie d’«un peu kamikaze»: passer pour un jeune journaliste égaré, intégrer Agora TV en bénévole et raconter cette nébuleuse de l’intérieur, au plus près de ces mystérieux complotistes. Mon goût du risque et une certaine inconscience me font lâcher un «oui» au téléphone. Challenge accepted.
C’est dans la poche
Il a alors fallu mettre au point une stratégie d’approche pour contourner la méfiance des conspirationnistes. Sur Twitter, réseau de prédilection de Chloé Frammery, je supprime presque tous mes abonnements et me mets à suivre les Raoult, Dieudonné et autres voix dissidentes. Je like et retweete leurs contenus, commente leurs publications et poste des photos de l’alpage où je me trouve alors pour donner un coup de main à un berger, histoire de parfaire mon image «hors-système». Puis je contacte Frammery avec un message du genre: «Je suis journaliste de formation (ce qui est vrai), j’ai eu plusieurs expériences dans les médias généralistes (ce qui est vrai), ils m’ont jeté comme une vieille chaussette et je veux travailler autrement (ce qui est faux)». Elle est enchantée, souhaite me rencontrer au plus vite. C’est dans la poche.
Nous voilà donc à cette terrasse, que Chloé Frammery appelle son «QG». Au fil de la discussion, elle se montre vive d’esprit, structurée et curieuse. Elle s’exprime bien et manifeste beaucoup d’intérêt pour tous les sujets de conversation. Elle est bien loin de la marginale perdue dans sa bulle que je m’étais figurée. Plus la discussion avance, plus il m’est difficile de me souvenir que face à moi se tient la figure de proue de la complosphère franco-suisse. «Comment a-t-elle bien pu basculer?», me demandai-je en boucle.
À la table se trouve également Gérard Scheller, qui s’avèrera être le bras droit de Chloé. Caché derrière une barbe broussailleuse et des lunettes aux verres teintés, ce professeur de mathématiques à la retraite depuis quatre ans reste silencieux. Avant le Covid et la propulsion de Frammery sur le devant de la scène, tous deux ont partagé des années de militantisme à gauche. Gérard Scheller a été candidat au Grand Conseil à Genève en 2009 sur la liste SolidaritéS et fondé l’antenne genevoise du collectif Attac.
En 2018, alors que la paire souhaite se présenter sur la liste SolidaritéS pour le Grand Conseil, la candidature de Frammery est exclue par les membres de SolidaritéS car elle est jugée «trop prolixe sur les réseaux sociaux». Scheller se retire dans la foulée. Ils lancent alors ensemble la liste «Égalité et Équité», en compagnie de candidats dégottés à la dernière minute, ayant pour point commun de remettre en cause le système. «On a tous été, de près ou de loin, victimes d’autorités qui ont essayé de nous bâillonner», déclarait Chloé Frammery au Courrier.
Le positionnement de la paire sur l’échiquier politique paraît indéchiffrable, illisible. D’un côté, ils dénoncent les inégalités, les multinationales, le capitalisme, veulent renationaliser la Poste et Swisscom. D’un autre, ils se définissent comme profondément opposés à un État broyeur, flou et manipulateur.
«On a un tournage tout à l’heure, ça te dit de venir?» propose Chloé. Quelques bouchons plus tard, je me retrouve en banlieue genevoise, dans le salon du modeste appartement de Gérard Scheller. Le «tournage» consiste à enregistrer une visioconférence avec les avocats d’un certain Christian Maillaud, gendarme français actuellement en prison. Se faisant appeler «Stan» ou «Le zorro blanc» sur la toile, Christian Maillaud réunit depuis plus de quinze ans un groupuscule de fidèles visant à combattre de prétendus «réseaux pédophiles sataniques». Décrit comme un «gourou manipulateur» lors d’un premier procès, il a lui-même été condamné en janvier dernier à quatre ans de réclusion pour tentative d’enlèvement d’enfants. Selon lui, il avait prévu d’emmener ces enfants pour justement éviter qu’ils ne soient enlevés par les pédophiles sataniques. La vidéo d’Agora TV consiste à discuter avec ses avocats pour faire le point sur son recours contre la décision, ainsi qu’à lancer une levée de fonds en faveur de Christian Maillaud.
Pendant qu’ils discutent des détails judiciaires, je scrute la bibliothèque de ce mystérieux Gérard Scheller. S’y côtoient de nombreux livres d’enquête sur des scandales économiques, les œuvres complète de Jean Ziegler et un petit ouvrage intitulé «Les cercles dans les blés et leurs mystères». Il m’a dit juste avant, sur la terrasse, être poursuivi pour diffamation après avoir dénoncé un psychiatre qui, selon lui n’en est pas un. Le retraité se fait justicier.
Arrivé un peu à reculons dans cette histoire, je sens monter en moi une curiosité insatiable. Toujours tapis dans un coin de ce salon, à écouter leur plaidoirie en faveur d’un mystérieux gourou, un tas de questions m’assaillent. Comment ces gens éduqués ont-ils basculé? Qui sont-ils vraiment? Quel est le rapport entre le Covid et la prétendue pédocriminalité?
Pour chercher des réponses, il va falloir m’enfoncer deux mois durant au plus profond de cet obscurantisme qui prospère à nos portes. Je suivrai ces rebelles dans tous leurs délires, dans tous leurs combats, afin de les comprendre et de palper, en creux, les aspérités d’une société dont ils (se?) sont exclus.
«Il existe des dispositions psychologiques, sociales et culturelles au complotisme»
MARTIAL TREZZINI/KEYSTONE
Sebastian Dieguez est chercheur en neurosciences au Laboratoire de sciences cognitives et neurologiques de l’Université de Fribourg. Auteur de l’ouvrage «Total Bullshit: au coeur de la post-vérité» paru en 2018, ce dernier a beaucoup écrit sur les complotismes. Aujourd’hui, la crise sanitaire de Covid-19 semble donner un nouveau souffle aux théories du complot. Que se passe-t-il dans le cerveau des complotistes? Interview.
Heidi.news – Vous dites qu’il existe des dispositions psychosociales au complotisme. Comment devient-on complotiste? Et à partir de quand peut-on vraiment parler de complotisme?
Si l’on veut identifier quels individus sont les plus susceptibles d’adhérer à une théorie du complot, on se rend compte que le meilleur prédicteur, c’est le fait de déjà croire à plusieurs théories du complot. D’un point de vue psychologique, il existe des structures de croyances qui favorisent l’accumulation d’idées de ce type. Si l’on parlait de théories scientifiques, cela n’aurait rien de surprenant, car il y a un dénominateur commun, en l’occurrence la réalité. Ce n’est pas le cas avec les croyances complotistes, qui peuvent être très différentes les unes des autres – dans les faits, il tend à y avoir une hiérarchie implicite des idées complotistes. Par exemple, une posture anti-vaccination, une vision alternative de ce qu’il s’est passé 11 septembre 2001, ou le jour de l’assassinat de JFK, pris séparément, ne font pas de quelqu’un un complotiste dans tous les domaines. En revanche, les études montrent qu’il est quasiment impossible de penser que la Terre est plate si on ne croit pas déjà à quasiment toutes les autres théories du complot.
On peut devenir complotiste pour toutes sortes de raisons: une disposition à la méfiance, le manque d’éducation, l’anxiété, le ressentiment, l’excès de confiance, un goût pour les idées à contre-courant… mais le risque, selon les personnes, c’est celui de l’escalade, en particulier dans ces grandes manifestations fourre-tout où l’on mélange masques, 5G, coronavirus, antisémitisme, vaccination et autres. En manifestant aux côtés de gens dont on ne partage pas toutes les croyances, on peut développer une forme de tolérance à toutes sortes d’idées farfelues et dangereuses.