Le Nigeria a commencé à tenir lundi les premiers procès de masse de membres présumés du groupe jihadiste Boko Haram, le ministère de la Justice promettant de « ne pas persécuter » les plus de 2.000 accusés qui seront jugés à huis-clos. Les inculpés ont tous été arrêtés et mis en détention depuis le début de l’insurrection islamiste en 2009, qui a fait 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés dans le nord-est du pays. Quelque 1.670 détenus dans une base militaire à Kainji, dans l’Etat central du Niger, doivent d’abord être jugés, selon le ministère de la Justice. Suivront ensuite les procès de 651 autres personnes détenues dans la caserne de Giwa, à Maiduguri, capitale du Borno (nord-est).
13 personnes jugées à ce jour
La juge Binta Nyako a lancé la procédure à 13H35 (12H35 GMT), a indiqué le porte-parole du ministère de la Justice, Salihu Othman Isah, qui a précisé que quatre tribunaux seraient installés sur la base de Kainji. « Nous sommes ici pour nous assurer que personne n’est persécuté. Nous sommes ici pour les poursuivre en justice et donc, nous sommes venus avec l’esprit ouvert », a déclaré la juge, citée par le porte-parole. A cet égard, la juge, qui normalement siège à la Haute cour fédérale d’Abuja, a estimé que « le ministère de la Justice aurait dû inviter la Commission nationale en charge des droits de l’homme pour assister aux audiences ici ». « J’espère qu’elle le fera pour les plus importantes », a-t-elle ajouté. Le ministère de la Justice a assuré dans un communiqué que les procès seraient « justes », et que les accusés seraient « poursuivis et non persécutés ». Aucun détail n’a été donné sur les accusés dont le procès a débuté lundi.
En huit ans de conflit, seules 13 personnes ont été jugées et neuf condamnées pour leurs liens avec Boko Haram, selon des chiffres officiels. Mais des milliers de personnes arrêtées sont détenues depuis des années sans avoir eu accès à un avocat ou sans avoir comparu devant un juge. L’armée a par ailleurs été accusée par les organisations de défense des droits de l’homme de nombreuses arrestations arbitraires et d’exécutions sommaires malgré des enquêtes bâclées voire inexistantes à l’encontre des suspects de Boko Haram. La transparence du processus soulève également des inquiétudes, suite à l’interdiction faite aux médias d’assister aux audiences, même si le gouvernement affirme que des observateurs internationaux seront présents.