Mis en examen pour viols, fraude fiscale, le faux thérapeute héraultais conteste.
L’air un peu perdu, tout petit dans le box, visage émacié et barbe noire, Jorge C. se défend pour la première fois devant les juges de la cour d’appel. Il demande, ce mercredi 18 août, sa remise en liberté après son incarcération en octobre.
De lourdes accusations pèsent contre ce Montpelliérain de 48 ans, soupçonné d’être un gourou violeur qui sévissait au sein de la petite écocommunauté de l’Athanor, qu’il avait créée dans le centre de Montpellier.
Emprise mentale
« Ce sont des choses qui ont duré un an. Ce n’était pas le cas avant, pas le cas après… J’avais une vie classique avant et après », se défend-il maladroitement, alors qu’il a toujours contesté les viols, parlant de consentement.
Pourtant, les services spécialisés antisectes le suivent depuis plusieurs années au fil de ses pérégrinations de Bordeaux jusqu’à Montpellier, où il se faisait passer pour un thérapeute « du corps, de l’esprit et de la relation ». Sans diplôme, il proposait de la psychothérapie, sexothérapie ou de l’hypnothérapie, ce qui lui vaut d’être mis en examen pour exercice illégal de la médecine, en plus de la fraude fiscale et des viols et agressions sexuelles.
En jeu : l’emprise mentale exercée par ce Portugais adepte du polyamour ou encore des séances de tarot de Marseille et des massages tantriques pour érotiser la vie sexuelle.
Il fait s’agenouiller les patientes pour avoir l’impression d’être grand
La cour cite l’exemple d’une des jeunes plaignantes tombées dans les griffes de l’Athanor.
« Elle débute une thérapie qui consiste à avoir des relations sexuelles devant son petit ami pour travailler sur la jalousie, avec des actes de pénétration avec vous dans un but de libération émotionnelle, rapporte le magistrat. La victime dit que ce n’était pas consenti et pratiqué avec de la drogue. »
Du LSD ou encore des prises de MDMA (la molécule de l’ecstasy) et de champignons hallucinogènes sont au menu des séances, facturées 100 à 200 € et bien sûr non déclarées. Et puis comme Jorge C. est vraiment petit, « il faisait agenouiller les patientes pour avoir l’impression qu’il est grand et qu’il se fait respecter », dénonce l’avocate générale. Elle s’oppose fermement à sa libération : « Je ne sais pas s’il a du charisme comme disent les experts, mais je sais que les victimes étaient fragiles et elles n’étaient pas consentantes pour ces relations devant tout le monde et avec tout le monde ! C’est un violeur patenté et escroc de surcroît. »
Lui se verrait plutôt sous bracelet électronique et s’affirme décidé à changer de vie.
» Pendant neuf mois je ne savais plus qui j’étais. Là ça va mieux depuis un mois, lance-t-il à la cour. Les Portugais sont décrits comme manuels pas intellectuels, je voulais changer mais là je voudrais me reconvertir, repasser par le corps, par le manuel, avec un métier d’art « , espère-t-il.
Décision ce vendredi 19 août.
source : Publié le 19/08/2022 MIDI LIBRE YANICK PHILIPPONNAT