NOUVELOBS.COM | 21.02.2008 | 11:41
Les réactions après les propos tenus dans VSD mercredi 20 février par la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, Emmanuelle Mignon, au sujet de la lutte contre les sectes.
A gauche
Stéphane Le Foll, directeur de cabinet du premier secrétaire du PS : Les déclarations d’Emmanuelle Mignon « sont aujourd’hui confirmées par l’hebdomadaire VSD » qui les avait recueillies, et juge que « son démenti confus ne laisse pas de doutes sur ce qu’elle a pu dire ». « Le président de la République doit maintenant dire s’il approuve les propos qui ont été tenus par sa directrice de cabinet. Si ce n’est pas le cas et compte tenu de leur gravité, il doit en tirer toutes les conclusions et Mme Mignon doit quitter immédiatement ses fonctions à l’Elysée ». « Le Parti socialiste défendra la laïcité et la loi de 1905 qui sont les fondements du pacte républicain et demande que se poursuive le travail mené par la commission parlementaire pour lutter contre les sectes ». (Communiqué, jeudi 21 février)
Ségolène Royal (PS) : « Il faut que le gouvernement redevienne sérieux, on voit aujourd’hui des dérapages sur tous les sujets ». Les propos de la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy sur les sectes et l’église de scientologie « sont totalement irresponsables » et « il suffit d’écouter les victimes des sectes pour voir comment fonctionnent les sectes ».
« Quelle est la légitimité de ces propos? » « On ne sait plus qui gouverne, est-ce que ce sont les conseillers de l’ombre, les ministres ? C’est au Premier ministre de s’exprimer sur cette question ». « Il faut en revenir aux choses sérieuses, il est temps que l’ordre républicain revienne ». (France 2, jeudi 21 février)
Julien Dray, porte-parole du PS : « Dans les mois à venir, l’ensemble du camp laïque va devoir descendre dans la rue pour exprimer cette nécessité et cet impératif » de la laïcité.
Il a défini le « camp laïque » comme « tous ceux qui sont attachés à la loi de 1905 » de séparation des églises et de l’Etat et « au respect des principes fondateurs de la république ».
De droite ou de gauche ? « C’est ouvert à tout le monde », a-t-il répondu.
Interrogé sur les modalités de cette manifestation, le responsable socialiste s’est contenté de répondre: « il y a nécessité que le camp laïque s’affirme, réaffirme ses principes et se fasse entendre ». Julien Dray a dénoncé une « confusion intellectuelle créée par le président de la République », citant « la manière dont il considère que sur terre, il faut une espérance religieuse » ou son « oubli de vingt siècles de guerres religieuses ». « Personne n’a intérêt aujourd’hui à remettre sur la table le débat sur la loi de 1905, qui a été une loi difficile à voter », puis « à faire respecter ». La laïcité « n’est pas un principe anti-religieux, ne nie pas la croyance ». « A partir du moment où on commence, insidieusement » puis « d’une manière de plus en plus explicite, à vouloir remettre progressivement en cause cette loi de séparation entre ce qui est du domaine privé – les croyances – et le domaine public, on rouvre des querelles pas nécessaires ». « La multiplication des prises de position sur les religions, les sectes… commence à devenir inquiétante sur le comportement de ceux qui sont à la tête du pays ». « C’est pourquoi il est nécessaire de leur rappeler les fondamentaux de la laïcité, de montrer que le pays y est très attaché ». (Questions d’Info (LCP/France Info/AFP), mercredi 20 février)
François Hollande, secrétaire général du PS : « Elle vient de retirer ces propos. Je veux la croire mais je demande vraiment vérification et c’est la responsabilité de l’organe de presse qui a recueilli les déclarations de Mme Mignon d’infirmer ou de confirmer ce qui aurait été dit ». « S’il s’avérait que Mme Mignon ait pu, en quoi que ce soit, justifier l’existence de sectes et notamment, par rapport à l’Eglise de scientologie, dire que ce serait finalement une église, alors là je crois que ca mettrait en cause la présence même de Mme Mignon à l’Elysée ».
« Il est très important qu’on ne confonde pas les églises et les sectes ». « C’est pour cela que je demande que les propos de Mme Mignon soient non seulement corrigés, s’ils ont été prononcés, mais soient dénoncés ». (Déclarations lors d’un déplacement à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), mercredi 20 février)
Jean-Christophe Cambadélis, député PS de Paris : « Les déclarations d’Emmanuelle Mignon sont un vrai problème (…) Elle prend une position sans précédent en faveur des mouvements sectaires et notamment de l’Eglise de Scientologie ». Ces déclarations de la directrice de cabinet du président « s’ajoutent aux ambiguïtés du chef de l’Etat sur le sujet qui, dans son livre ‘La République et les religions’ dénonçait les ‘amalgames’ entre les sectes et les ‘nouveaux mouvements spirituels' ». (Communiqué, mercredi 20 février)
A droite
Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre UMP : « S’exprimer c’est un métier, on ne passe pas de l’ombre à la lumière sans éclat et donc ce genre de polémique on s’en passerait surtout en période électorale ». Il a estimé qu’il ne fallait pas supprimer la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires). « Les sectes sont un phénomène préoccupant en France comme en Europe » et il faut « traiter ce sujet avec gravité ». Interrogé sur la laïcité, il a estimé qu' »il faut seulement adapter » la loi de 1905 de séparation de l’Eglise et de l’Etat comme cela a été fait lors de la loi interdisant le porte du voile à l’école. « Nous avons besoin d’un Etat qui s’occupe de l’exercice des religions, ne serait-ce que pour permettre la liberté d’expression ». Il a appelé à ne « pas tomber dans le piège de la polémique permanente ». « Il est clair que dans ce pays il y a des gens qui cherchent à enflammer le débat à propos de n’importe quoi. La politique, n’est pas la polémique ». (LCI, jeudi 21 février)
Corinne Lepage, tête de liste pour le MoDem dans le XIIème arrondissement de Paris : « Je suis extrêmement choquée, je suis scandalisée ». « Je me demande si on ne va pas créer un secrétariat d’Etat pour Tom Cruise, à la scientologie et au développement des sectes en France, ce serait dans une certaine logique ». Soulignant « la précision des propos tenus » elle a estimé qu' »une philosophie générale se développe » qui « est une « déconstruction de la laïcité à la française ». (Canal+, jeudi 21 février)
Alain Gest, député UMP, auteur du rapport de la commission d’enquête sur les sectes de 1995 et membre du conseil d’orientation de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires) : « C’est ignorer les difficultés et les souffrances rencontrées par de très nombreuses familles confrontées à des déviances sectaires. C’est limiter à quelques mouvements très médiatisés un phénomène qui concerne, en réalité, une multiplicité de petits organismes qui manipulent nombre de nos concitoyens ». Selon lui, tenir de tels propos, « c’est, une fois de plus, commettre l’erreur, en parlant de liberté de conscience, de rapprocher sectes et religions… comme le souhaitent les mouvements sectaires les plus connus ». S’élevant contre « tout propos semblant banaliser les déviances sectaires », le député sarkozyste lance: « et puisque Mme Mignon dit ne pas connaître la scientologie et que je n’ai pas de raison de mettre sa parole en doute, je suis prêt à lui présenter la réalité du phénomène sectaire en France, afin de lui permettre, à l’avenir, d’en parler en toute connaissance de cause ». (mercredi 20 février)
François Bayrou, président du MoDem : « La scientologie, une organisation religieuse regardée par beaucoup comme une secte, est ramenée dans le débat. On avait eu depuis déjà longtemps des indices sur ce sujet », a souligné le président du Mouvement Démocrate, citant la visite de l’acteur américain Tom Cruise, célèbre adepte de la scientologie, à Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Economie, en août 2004. « Aujourd’hui, il y a un pas de plus: une des plus proches du président de la République évoque officiellement une réhabilitation de la scientologie ». « Je suis de ceux qui, depuis des mois, se sont inquiétés de la mise en cause des principes républicains français, notamment autour de la laïcité ». « Tout ça, ça commence à faire trop! » « On nous surcharge de discours sur la religion et ce n’est pas le rôle de l’Etat de parler de la religion. La fonction du président de la République ne doit pas être de contredire ceux qui en France ont travaillé sur le problème des sectes depuis longtemps ». (Déclaration, mercredi 20 février)
Augmenter la taille du texte