MEXICO, 23 juin 2011 (AFP) – Le cartel mexicain de la Familia, dont le numéro 1 José Jesus Mendez a été arrêté mardi, a endoctriné pendant des années ses membres avec un message inspiré de la Bible, tout en devenant le premier exportateur de drogues synthétiques vers les Etats-Unis.
« Seul meurt celui qui doit mourir. Que tout le monde le sache! Ceci est la justice divine », disait le message lancé par l’organisation à l’occasion de sa spectaculaire apparition publique en octobre 2006 dans l’Etat du Michoacan (ouest), d’où est originaire l’actuel président mexicain Felipe Calderon.
Des inconnus étaient entrés dans un bar et avaient lancé cinq têtes humaines accompagnées de ce texte sur une piste de danse.
La Familia (la Famille) est depuis devenue l’un des sept cartels qui se livrent une guerre acharnée pour le contrôle du trafic de drogue à destination des Etats-Unis, premier consommateur mondial de cocaïne.
Ce conflit a fait plus de 37.000 morts depuis le lancement d’une offensive militaire contre le crime organisé fin 2006.
Mendez, surnommé « El Chango » (le singe), a été arrêté mardi à Aguascalientes, dans le centre du Mexique.
Il était le principal chef de la Familia, depuis l’annonce par le gouvernement de la mort de Nazario Moreno en décembre à l’issue de plusieurs jours de combats autour de son fief de Apatzingan.
Selon la police, son arrestation porte un coup majeur à la structure de commandement de ce cartel de 4.000 à 6.000 membres, selon des sources officielles.
Ils étaient connus pour leur cruauté et leur fidélité à l’organisation, mais selon le porte-parole du gouvernement mexicain pour la sécurité, Alejandro Poiré, cette loyauté s’est rompue après la mort de Nazario Moreno, quand le numéro trois de l’organisation, Servando Gomez, un maître d’école, a revendiqué la tête du cartel, entrant en conflit avec Mendez.
Moreno, qui se faisait appeler « El Mas Loco » (le plus fou), avait rédigé l’Evangile de la Famille, un texte initiatique justifiant l’existence de ce cartel par la nécessité de défendre la population du Michoacan contre d’autres groupes criminels.
Il y prêchait la « justice divine » et délivrait toutes sortes de conseils aux tueurs à gage de l’organisation tout en leur interdisant l’usage de drogues et d’alcool.
« Si un jour, tu veux compter sur quelqu’un, cours vers moi car je peux peut-être t’écouter, mon ami », dit-il.
« Un chevalier chrétien est comme un croisé, toujours déchiré par un double combat: face aux tentations de la chair et du sang, mais aussi face aux forces spirituelles du ciel », écrit-il plus loin.
« C’est une organisation qui vend des drogues et assassine cruellement, mais dit paradoxalement avoir une foi profonde en Dieu », relève Ricardo Ravelo, spécialiste des cartels mexicains.
Selon lui, les futurs chefs de la Familia ont commencé à faire du narcotrafic quand ils ont émigré au Texas, dans le sud des Etats-Unis, dans les années 1990.
Après avoir pris du grade dans leurs organisations, ils sont rentrés dix ans plus tard au Michoacan et ont affronté d’autres groupes pour prendre le contrôle de cet Etat du littoral Pacifique.
La Bible n’a pas été la seule arme de la Familia pour s’implanter. Elle a aussi utilisé une partie de l’argent de la drogue pour construire des écoles, des routes ou soigner les populations isolées du Michoacan.
En décembre, quand l’armée a lancé son opération pour arrêter les chefs de la Familia, des centaines de personnes sont descendues dans les rues pour protester contre la présence militaire et la violence des soldats.
Source : AFP