L’Église de scientologie Europe et l’association belge, ainsi que dix cadres de l’organisation sont en procès ce lundi et pour une douzaine d’audiences déjà agendées à Bruxelles. A l’issue de 18 ans d’enquête, ce procès est un des plus importants que la secte religieuse ait eu à affronter. Les personnes physiques et morales sont poursuivies pour « association de malfaiteurs, exercice illégal de la médecine, extorsion, fraude et violation de la vie privée ». Reconnue comme une religion aux Etats-Unis, elle est mise à l’index dans plusieurs pays d’Europe. Les Pays-Bas ne lui ont pas reconnu le statut de religion ; des procès ont eu lieu en France qui répertorie la Scientologie parmi les sectes ; l’Espagne la reconnaît comme religion, mais sans les avantages fiscaux habituellement accordés aux Églises.
La procédure belge a démarré sur une plainte d’anciens membres et de proches. Plusieurs sociétés liées à la Scientologie ont été perquisitionnées, mettant à jour un vaste système de financement international, via des comptes au Luxembourg, avec des montants de plusieurs millions d’euros. En France, la secte a fait l’objet de plusieurs condamnations dont la dernière a été prononcée le 16 octobre 2013 par la Cour de Cassation pour «escroquerie en bande organisée».
1. La scientologie? De la science-fiction
La scientologie est née en 1952 dans l’esprit de Ron Hubbard, un auteur de science-fiction, dont le principal succès est un roman intitulé « Terre champ de bataille », qui met en scène des créatures extraterrestres, les méchants Psychlos, qui veulent exterminer les gentils terriens. Écrit après la fondation de l’Église de scientologie par l’écrivain, ce roman peut évidemment se lire comme une dénonciation des psys, un des chevaux de bataille de l’Église. La dianétique, la pseudo-science qui permettrait le salut de l’âme des adeptes et l’électromètre, et l’appareil vendu aux adeptes pour leur démontrer qu’ils ne vont pas bien, sont aussi de la science fiction. Cet ohm-mètre est censé mesurer les ondes « négatives » du cerveau…
2. Des vedettes pour la promo
On ne les compte plus les stars américaines que l’Église a su convertir. La plus célèbre d’entre elles est évidemment Tom Cruise, l’excellent acteur des blockbusters de ces vingt dernières années, qui fut avec l’acteur John Travolta, un des meilleurs ambassadeurs de la scientologie dans le monde. Parmi les adeptes, on trouve aussi des musiciens comme la chanteuse Julia Migenes Johnson, inoubliable interprète de Carmen ou l’excellentissime compositeur du générique du film Shaft, entre autres, Isaac Hayes.
3. Clearwater, le saint des saints
La ville de Clearwater est le siège mondial de l’Église de scientologie qui revendique 12 millions d’adeptes dans le monde. Depuis 1975 et l’achat d’un premier hôtel, la ville est « sous occupation scientologue », écrivit Charles Stafford, journaliste du Saint-Petersburg Times. Née en 1954 en Californie, la secte a peu à peu grignoté les pâtés d’immeubles de la ville (une cinquantaine sont sa propriété aujourd’hui). L’Église a inauguré son nouveau siège à Clearwater en 2013. Le Flag service organisation est un immeuble de sept étages dont la construction s’est faite sur trente cinq mille mètres carrés pour 145 millions de dollars, à l’issue de dix-sept ans de travaux. Hubbard avait le projet de mettre la main sur cette ville, selon des documents de Ron Hubbard saisi par le FBI à Los Angeles réunis sous l’appellation « Projet Normandie » et classé Top secret. Ce lieu serait dédié au Superpower, le programme ultime de libération de l’âme humaine scientologue.
4. La défense de la liberté religieuse comme droit de l’homme
Un des combats des scientologues, c’est la liberté religieuse. A ce titre, ils financent et appuient les procédures d’autres religions pour la liberté de conscience. Lors de la conférence « laïcité et diversité religieuse » organisée par le CLIMS (Centre de liaison et d’information concernant les mouvements spirituels) dans le centre protestant John Knox à Genève, le ministre de l’Église de scientologie et président de l’Union des Églises de Scientologie de France, Eric Roux est venu défendre la liberté de conscience. Il vient de publier « France 2012 Inquisition en bande organisée ».
5. L’antipsychiatrie
L’autre obsession de la scientologie est la dénonciation de la psychiatrie et des psychiatres. C’est le principal sujet de Commission des droits de l’homme et du citoyen, organe dépendant de l’Église. Elle dénonce la « violations des droits de l’homme en psychiatrie »Dans les années 90, un psychiatre suisse qui expérimentait un traitement de malades mentaux avec une drogue, l’ibogaïne, issu de l’écorce d’un arbre africain, a eu un décès dans son groupe, réuni dans une maison près de Cosne-sur-Loire dans la Nièvre. L’Église de scientologie a aussitôt dépêché un de ses membres pour informer la presse sur ce médecin psychiatre et ses expérimentations avec des drogues, dénonçant la psychiatrie, comme le mal principal de l’humanité.
6. Une société commerciale
La scientologie recrute la plupart de ses membres dans la rue, en leur proposant un test de personnalité gratuit. Puis, il faut acheter des livres et des modules de formation pour s’améliorer. Plus le niveau monte, plus c’est cher. Les adeptes doivent acheter un électromètre pour 4800 euros, alors qu’un ohm-mètre ne vaut que 250 euros. Les cours obligatoires sont aussi payants et peuvent atteindre plusieurs centaines d’euros. Les adeptes sont aussi invités à faire des dons. Beaucoup y laissent toute leur fortune. Son statut de religion reconnu dans certains pays lui permet d’échapper à l’impôt des sociétés.
7. Des cadres de la marine
Sea org est l’organisation centrale de l’Église. Elle recrute et forme les cadres de l’organisation. Son dirigeant actuel est David Miscavige qui succéda à L. Ron Hubbard à sa mort en 1986. Cette aristocratie scientologue était embarquée à l’origine sur des bateaux. Pour échapper au fisc, Ron Hubbard a voyagé une grande partie de sa vie sur mer. Il a fondé la Sea org, au caractère parfois paramilitaire, dont les membres portent casquette de marin blanche et uniforme bleu. (TDG)
source : http://www.tdg.ch/monde/sept-piliers-scientologie/story/23365438
Par Olivier Bot
(Créé: 27.10.2015, 08h22)