Défendant des causes et vérités sans faille, les fanatismes religieux, idéologiques ou politiques font aujourd’hui retour. La radicalisation des croyances, l’impérialisme du scientisme ainsi que le durcissement des gouvernances conservatrices et sécuritaires en témoignent distinctement. D’où la nécessité d’interroger leur dramatique actualité, leurs incidences sociopolitiques et psychopathologiques.
Ce colloque international interdisciplinaire de psychopathologie clinique et criminologie psychanalytique ouvert aux apports d’autres disciplines (Histoire, Sociologie, Philosophie, Psychiatrie, Droit, Sciences politiques, etc.) analysera cette nouvelle montée en puissance des fanatismes tant dans leurs conditions d’émergence et de diffusion (sociale et politique) que dans leurs soubassements subjectifs.
Les fanatismes d’aujourd’hui procèdent-ils en effet d’une logique propre dont nous retrouvons déjà témoignage par le passé ou bien cette dernière s’avère-t-elle étroitement liée à notre époque dominée par le néolibéralisme et les technosciences ? Les nouvelles formes d’extrémismes auxquels ils donnent lieu sont-elles à la fois, outre le témoignage, la conséquence et la réponse à ce qui fait malaise dans la civilisation ? À la ruine de l’Autre et à l’effondrement du crédit fait au Père qui semblent caractériser notre modernité ? Toujours est-il que l’impératif de jouissance règne maintenant en maître en égarant nombre de sujets. Les prétendus pères et leurs intégrismes protéiformes prolifèrent également. De nouvelles communautés et de nouveaux groupuscules émergent aussi et se déchirent autour de valeurs qui sont essentiellement des programmes et régimes de jouissance. Le fantasme d’unicité triomphe désormais en influant sur les modes de subjectivation (auto-engendrement, promotion de soi, culte du corps idéal), etc. De fait, notre époque est-elle devenue un terreau fertile à l’essor des fanatismes ? Façonné par la globalisation et les logiques ségrégatives, le lien social contemporain pousserait-il au fanatisme ?
Afin d’en répondre, les travaux de ce colloque étudieront des phénomènes variés et contemporains : extrémismes religieux, politiques, dérives sectaires, meurtres de masse, idéalisme passionné, utopisme, scientisme, transhumanisme, passion de l’aveu et prédictibilité, conversion et radicalisation en prison, etc. En laissant une large place à la présentation clinique de cas, ils questionneront aussi bien le recours subjectif à des discours sociaux radicalisés et aux actes violents ou aux phénomènes sacrificiels qui peuvent en dériver, que la causalité psychique et les fonctions subjectives chez leurs auteurs. Ils s’intéresseront aussi aux conséquences psychiques ou traumatiques pour ceux qui en sont victimes. Ces recherches en psychopathologie clinique et criminologie psychanalytique peuvent contribuer à l’étude de la radicalisation de la croyance et de l’idéal à partir de laquelle les fanatismes se développent dans notre lien social contemporain. S’adressant aux professionnels, chercheurs et étudiants, ce colloque mettra ainsi au travail des questions cliniques, sociales et politiques qui possèdent une actualité indéniable dans les milieux sanitaire, socio-éducatif, judiciaire et pénitentiaire.
Romuald Hamon, Yohan Tric