Selon une étude publiée dans Psychological Science, les électeurs peuvent se créer de faux souvenirs après avoir été exposés à des informations inventées, en particulier si elles correspondent à leurs convictions politiques.
“Nul ne peut nier que les fake news sont un vrai problème”,commence Forbes. En se propageant via les réseaux sociaux, elles contribuent à renforcer des préjugés, influencent les gens et sont souvent difficiles à stopper. Elles conduiraient même à la fabrication de faux souvenirs, en particulier si ces fausses informations vont dans le sens de nos convictions. C’est ce que montre une étude parue le 21 août dans la revue à comité de lecture Psychological Science.
Menée auprès de 3 140 volontaires, une semaine avant le référendum sur la légalisation de l’avortement en Irlande, en 2018, cette étude “montre de façon terrifiante qu’il est extrêmement facile de nous manipuler et extrêmement difficile pour beaucoup d’entre nous de distinguer le vrai du faux”, analyseRolling Stone.
Près de la moitié des participants ont en effet affirmé se souvenir d’au moins une des fausses informations qui leur étaient présentées, “et beaucoup n’ont pas remis en question leurs faux souvenirs, même après avoir appris que les articles qu’ils avaient lus étaient faux”, rapporte BBC News.
Gillian Murphy, chercheuse à l’University College Cork, qui a dirigé l’étude, explique à la chaîne britannique :
La mémoire est un processus de reconstruction et nous sommes vulnérables aux suggestions qui faussent nos souvenirs sans que nous en prenions conscience.”
Pour cette étude, les chercheurs ont demandé à chaque participant leurs intentions de vote, puis ils leur ont montré six informations dont deux étaient inventées. “Un exemple concernait la destruction forcée d’affiches de campagne qui auraient été achetées illégalement avec des fonds étrangers”, détaille BBC News. Les participants devaient dire s’ils se souvenaient ou non de ces informations et dans quel contexte ils en avaient eu connaissance.
Une étude sur un cas réel : une première
Les partisans de la légalisation de l’avortement – qui avaient annoncé qu’ils voteraient oui au référendum – étaient plus susceptibles de prétendre se souvenir de ce qui s’était passé si l’histoire concernait la campagne du non – et inversement.
Pour Rolling Stone, “les conclusions de cette étude sont claires : non seulement il est terriblement facile pour des individus mal intentionnés d’exploiter les biais (cognitifs) des gens pour les manipuler, mais il est aussi très difficile pour ces gens de réajuster leur perspective une fois qu’ils ont été manipulés, et ce même si on leur dit explicitement qu’il s’agissait d’une manipulation”.
Et pour BBC News, “cette étude corrobore des travaux antérieurs. Mais, selon les auteurs, c’est la première fois que le problème était mis à l’épreuve dans le cadre d’un véritable référendum et simultanément à ce dernier.”
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Publié le 27/08/2019 – 11:00
par Carole Lembezat