Les dérives sectaires : un phénomène en pleine expansion
Santé, bien-être, développement personnel, coaching, éducation, formation professionnelle. tels sont les domaines les plus concernés aujourd’hui par les dérives sectaires. Autrefois cantonnées à la sphère religieuse et spirituelle, les faits d’emprise sectaire s’immiscent dans tous les aspects de la vie quotidienne.
La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a publié, le 8 avril 2025, son rapport d’activité 2022-2024.
Depuis 2015, le nombre de signalements reçus par la Miviludes a doublé, pour atteindre le chiffre de 4 571 en 2024.
Comment s’explique l’augmentation des dérives sectaires ?
Selon le rapport, « les facteurs concourant à cette augmentation sont connus, qu’il s’agisse de la crise sanitaire et des confinements successifs qui ont favorisé les discours complotistes, ou encore du recours accru aux réseaux sociaux qui donne au phénomène de dérive sectaire un espace élargi d’expression et d’action. »
L’internet permet à des « coaches de vie » ou à des « influenceurs de développement personnel » dont la formation et les compétences sont aléatoires, de partager en ligne leurs expériences, leurs réflexions ou leurs conceptions de la spiritualité en les diffusant rapidement et à grande échelle.
Les réseaux sociaux créent « des caisses de résonance » dans lesquelles l’utilisateur n’est plus confronté à l’altérité ni au débat, puisque les algorithmes lui recommandent des contenus sur la base de ses opinions.
Dans le contexte d’une éco- anxiété croissante, se manifestent également le désir d’un retour à la nature, la nostalgie de traditions ancestrales et un intérêt pour l’occultisme et l’ésotérisme. Ce ne sont pas les croyances elles-mêmes mais l’instrumentalisation de celles-ci à des fins de manipulation qui caractérisent les dérives sectaires.
La Miviludes a ainsi reçu de nombreux signalements mettant en cause ces nouvelles formes de spiritualité, notamment :
- la doctrine des « flammes jumelles » (d’influence New Age), qui isole socialement les personnes pour trouver l’âme sœur, s’appuie sur la peur et les menaces et exige un investissement financier disproportionné ;
- le néo-chamanisme, qui en engageant à consommer des psychotropes, des substances toxiques ou des stupéfiants, expose à des risques divers comme des actes sexuels non consentis, présentés comme thérapeutiques.
Santé : les dangers des pratiques de soins non conventionnelles (PSNC)
La Miviludes pointe la confusion entre professionnels de santé et non- professionnels de santé qui se produit du fait :
- de plaques de professionnels de santé (médecins, infirmiers, kinésithérapeutes) côtoyant celles de non professionnels de santé strictement analogues (réflexologues, énergéticiens, psychopraticiens…) ;
- de l’installation de non- professionnels de santé dans les salles vacantes de maisons médicales situées en zones rurales où les véritables soignants sont en nombre insuffisant (créant dans l’esprit des patients une confusion sur la nature des services proposés) ;
- de la présence de PSNC dans les établissements publics de santé (séances de Reiki, de magnétisme ou encore de « bol tibétain« ).
D’après le rapport, « l’augmentation rapide du nombre de diplômes universitaires (DU) consacrés aux PSNC a facilité leur entrée dans le système de santé français. Dans la majorité des cas, cette introduction n’est légitimée par aucune étude scientifique ni essai clinique concluant sur leur efficacité intrinsèque. »
La moitié des signalements en matière de santé concerne la prise en charge des malades du cancer.
Les personnes fragilisées par cette pathologie peuvent être sensibles à des pratiques faisant la promotion de « soins » sans chimiothérapie, un traitement lourd et redouté. Des pseudo- thérapeutes substituent au traitement médical de ces malades, dénoncé comme inutile ou nocif, des pratiques non éprouvées scientifiquement : « régime alimentaire draconien« , incitation à la consommation de stupéfiants, « soins à base de pierres »…
source : Publié le 11 avril 2025
LA VIE PUBLIQUE
Par : La Rédaction