Soja, amande, riz, coco… Ces boissons végétales sont de plus en plus populaires. Certains les choisissent pour remplacer le lait. Mais ont-elles les mêmes apports ?
Les personnes intolérantes au lactose, ou allergiques aux produits laitiers sont les premiers consommateurs de ces boissons à base de plantes. Pour Eric Fontaine, nutritionniste et professeur à l’université de Grenoble, les boissons végétales « ne sont pas du lait » et n’ont en commun avec le lait que la couleur. « Chez les enfants, plusieurs décès ont déjà été enregistrés quand les parents les alimentaient seulement de ces boissons végétales, car les nouveaux-nés avaient des carences. »
Depuis plusieurs années, la Société francophone de la nutrition clinique et du métabolisme (SFNCM) a publié des études pour alerter les parents sur la dangerosité, sur les nourrissons, de ces produits. L’une d’elles est même titrée : « L’utilisation de boissons végétales chez le nourrisson est une maltraitance nutritionnelle ! »
Attention chez l’enfant
Mais pourquoi ces boissons peuvent-elles, dans certains cas, être considérées comme dangereuses ? Chez l’enfant, la période de la naissance à 1 an est caractérisée par une phase de croissance rapide et particulièrement importante. Son poids est multiplié par 3, sa taille augmente de 50 %, et le cerveau passe de 300 à 400 grammes à plus d’1 kilo.
« Le nourrisson demande donc une alimentation adéquate et spécifique, lui permettant de couvrir ces besoins nutritionnels et d’assurer une croissance et un développement optimaux »
, explique la nutritionniste Béatrice Dubern sur le site de la SFNCM.
Si l’on regarde le tableau qui recense les apports des différentes boissons, celles végétales sont loin du lait maternel ou des préparations pour nourrissons. La valeur énergétique, en kilocalorie du lait maternel se situe entre 65 et 70 pour le lait maternel, et 66,5 pour les préparations pour nourrissons. Pour la boisson à base d’amande, la valeur est égale à 22,5 et à 35,8 pour celle à base de soja. Des différences conséquentes, à un âge où les besoins énergétiques sont d’autant plus importants.
Pas dangereux pour les adultes
Pour autant, ces boissons ne sont pas non plus à bannir pour de la consommation des adultes. « Ça peut mettre de la variété dans notre alimentation, comme on varie les fruits que l’on consomme, explique au quotidien québécois Le Devoir la nutritionniste Amélie Charest. Ils ont chacun leurs nutriments. En revanche, il ne faut pas croire que l’on remplace un verre de lait avec ces boissons végétales. »
Les producteurs de ce que certaines personnes appellent le « lait de soja »
ont des normes très précises. Ils doivent enrichir leurs boissons en vitamines et minéraux, afin d’éviter les carences chez les personnes végétariennes, friandes de ces boissons végétales. Par exemple, la vitamine B12, d’origine animale, se trouve sous forme d’enrichissement dans la boisson à base de soja.
Pour réaliser ces boissons, les producteurs mélangent souvent la plante à de l’eau, et ajoutent ensuite des apports. Dans bon nombre de ces boissons, l’eau est le premier ingrédient, et le second est le sucre. On y ajoute ensuite du calcium enrichi, qui peut se retrouver dans le dépôt au fond du verre. Car contrairement au lait de vache, ces boissons ne sont pas émulsionnées.
Pour l’utilisation sur les nourrissons, la SFNCM préconise aux parents qui ne souhaitent pas alimenter leurs enfants avec des protéines du lait de vache, ou dont les bébés sont allergiques ou intolérants, des préparations spécifiques, disponibles sur ordonnance en pharmacie, et qui répondent aux besoins des nourrissons.
Finalement, ces boissons ne sont pas dangereuses pour l’adulte. Au contraire, elles peuvent être une alternative à notre alimentation. Cependant, elles ne doivent pas remplacer un verre de lait. Lors d’un petit-déjeuner avec l’une de ces boissons, il faudra choisir un autre aliment qui apportera les protéines au corps.
source :https://www.ouest-france.fr/leditiondusoir/data/73623/reader/reader.html#!preferred/1/package/73623/pub/104588/page/15