« Interrogé, une fois encore, sur le Centre Kinor de Labrit (Landes), les propositions de formation ou les démarches spirituelles qui y sont programmées, ainsi que sur le lien du diocèse avec ce lieu et ses animateurs », Mgr Philippe Breton, évêque d’Aire et Dax, publie lundi 28 novembre 2011 un communiqué appelant à « la plus grande vigilance ».
L’évêque d’Aire et Dax rappelle qu’il a déjà exprimé sa position le 5 mars 2009, dans le bulletin de son diocèse (Église dans les Landes, n° 249, p. 4) : « Kinor est une entreprise privée, fondée, semble-t-il, par une équipe de thérapeutes dont certains se disent reconnus par l’Église catholique. Or cette entreprise est sans lien d’aucune sorte avec l’Église catholique en général et le diocèse d’Aire et Dax en particulier. Toute présentation comme “catholique” des activités thérapeutiques ou spirituelles promues par Kinor serait donc abusive et sans fondement. La plus grande vigilance est recommandée à chacun sur ce point ».

NI LE REPRÉSENTANT DE L’ÉGLISE, NI UNE CAUTION
Quant à la présence d’un prêtre, le P. Jean-Emmanuel Gaudin, dans l’équipe d’animation de Kinor, l’évêque souligne que « ce prêtre, ordonné dans la Communauté des Béatitudes, vit, depuis plusieurs années, dans le département des Landes : d’abord envoyé par le modérateur des Béatitudes auprès du fondateur de la communauté, alors malade, puis à son initiative personnelle quand il a quitté la Communauté des Béatitudes ».
« Il est aujourd’hui prêtre du diocèse d’Albi », note Mgr Breton, mais « il n’est pas un inconnu de l’évêque d’Aire et Dax ni sans lien avec lui ». En effet, sa situation lui ayant paru « mériter une attention particulière et après de multiples concertations », il a reçu, à l’été 2010, une mission d’accompagnement de l’équipe pastorale du lycée catholique Jean-Cassaigne de Saint-Pierre-du-Mont.
« Il accomplit bien et sans équivoque aucune cette mission, bien appréciée par ceux qui bénéficient de sa présence », assure l’évêque, qui précise que « pour autant, il n’a pas été envoyé à Kinor par l’évêque du diocèse » et qu’il « n’y est donc ni le représentant de l’Église diocésaine ni une caution, explicite ou tacite, apportée par l’Église diocésaine aux activités du Centre ».
« Sa présence et son activité à Kinor sont des décisions personnelles qui n’engagent ni l’évêque de Dax ni celui d’Albi. Il est prévenu que se prévaloir de sa mission dans un établissement de l’enseignement catholique pour promouvoir les sessions ou les retraites qu’il donne à Kinor ou les couvrir d’un pseudo-label “catholique” serait une grave tromperie susceptible d’être sanctionnée », met en garde Mgr Breton.
DISCRÉDITÉ COMME HOMME D’ÉGLISE ET COMME FORMATEUR
Enfin, alors que les médias se tournent à nouveau vers la communauté des Béatitudes à l’occasion du procès d’un de ses anciens membres, Pierre-Étienne Albert, qui s’ouvre mercredi 30 novembre au tribunal correctionnel de Rodez, le communiqué assure que « la communauté des Béatitudes d’aujourd’hui n’a rien à voir, ni de près ni de loin, avec le Centre Kinor. Nous en avons l’assurance, donnée par le P. Henry Donneaud, commissaire pontifical ».
Reste que, Mgr Breton en convient, « le fondateur de cette communauté catholique, M. Gérard (Éphraïm) Croissant, intervient à Kinor, au moins comme invité, s’il n’y est pas résident occasionnel ou quasi-permanent ».
« Les graves déviances dont il s’est rendu coupable et que le commissaire pontifical avec le conseil général des Béatitudes ont indiquées dans leur communiqué de presse du 15 novembre 2011 sont maintenant connues », rappelle le communiqué. « En se discréditant comme “homme d’Église”, Éphraïm s’est aussi discrédité comme formateur ou comme conférencier prétendant parler au nom de sa foi. Aujourd’hui, son contre-témoignage reste une blessure ouverte, pour les victimes de ses agissements d’abord et pour l’Église aussi. »
S’il reconnaît aux membres de l’association Kinor le droit « d’établir les programmes de formation et de choisir les personnes qui les mènent », Mgr Breton estime qu’il « conviendrait cependant qu’ils manifestent clairement et publiquement l’éventuelle distance prise avec cet intervenant ».
DÉSAPPROBATION TOTALE
« Je ne puis, quant à moi, qu’exprimer maintenant avec la plus grande fermeté ma désapprobation totale vis-à-vis d’interventions de sa part dans le diocèse, où que ce soit. Avec la même fermeté, je réprouve aussi la diffusion et l’utilisation de ses œuvres (livres, DVD, etc.) par quelque moyen que ce soit en tout point du diocèse », précise Mgr Breton.
« Et pour qu’il soit bien clair que l’évêque d’Aire et Dax ne “couvre” ni ne “cautionne” ce qui cause trouble des consciences voire suspicion portée sur les personnes, j’ai demandé au P. Jean-Emmanuel Gaudin de renoncer à la mission que je lui avais confiée au service du lycée Jean-Cassaigne. Je le remercie d’avoir immédiatement accepté cette renonciation. »

Source : 28/11/11 – 13 h 05LA CROIX – FRANCE

A.-B. H.