«Une secte, c’est un mot que j’ai du mal à prononcer encore aujourd’hui car il me renvoie au fait que j’ai été bernée durant vingt ans».
Partie civile dans le procès en appel de Robert le Dinh, au même titre que six anciens adeptes et que l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu victimes de sectes, Marie-Hélène Lalanne a longuement témoigné hier devant la cour d’assises de la Haute-Garonne. Avec d’autres, elle est à l’origine des poursuites de viols aggravés et d’agressions sexuelles aggravées contre le gourou présumé. Et comme les autres, elle explique s’être exécutée en raison «du statut divin de Robert le Dinh», pour s’épurer de ses expériences sexuelles passées qu’elle lui avait confiées et dans la crainte de subir la fameuse «loi du retour» instaurée par le chef spirituel. A son entrée dans le groupe, en décembre 1986 près d’Agen, Marie-Hélène Lalanne n’hésite pourtant pas à faire don de sa voiture et de ses salaires de caissière. Dès sa première rencontre avec Robert Le Dinh, «vêtu de blanc», lors d’une réunion publique sur la fin des temps, elle croit déjà faire partie de ces 144.000 élus qui vont survivre à l’apocalypse annoncée. Elle s’investit activement en présidant durant trois ans l’ADLEIF, Association de défense des libertés d’expression dans l’institution française, citée par le rapport parlementaire sur les sectes en 1995.
«Donnée» à des hommes
Témoin d’une simulation de masturbation sur sa propre fille de 14 ans, Marie-Hélène Lalanne aussi s’est livrée aux jeux sexuels imaginés par son maître, acceptant d’être «donnée» à des hommes du groupe sous le regard de Le Dinh, bourrant sa pipe… «Le lendemain, j’avais droit à une longue séance de positionnement alors que j’avais agi à sa demande. J’étais complètement déstabilisée. Pour moi, Monsieur le Dinh représentait le Christ, je croyais en son identité spirituelle et c’est pourquoi je faisais tout ça». Alors qu’elle a intégré l’armée et qu’elle travaille loin de son maître, elle lui avoue une relation avec l’un de ses supérieurs. «Que l’on soit loin ou pas, on était téléguidés par Tang. On le sentait dans sa peau, dans ses pores, il était en nous. Au risque de paraître imbécile, je croyais qu’il était entouré d’une armée céleste et qu’il voyait tout ce que je faisais». Cet aveuglement qui l’a conduite à accepter deux mariages imposés, des relations avec d’autres femmes du groupe, a même empêché Marie-Hélène de s’opposer à «la purification» de son bébé de quatre mois, à la mort symbolique de son « démon» né hors mariage.
Des relations consenties selon Le Dinh
Lors de cette douteuse mise en scène, l’ancienne sergente-chef est allongée, attachée, son enfant sur le ventre, une brique posée sur lui. Alors que l’assemblée est en transe, Robert Le Ding, d’un coup de sabre, casse la pierre et purifie l’enfant et sa mère. «Ca sort de son imagination», se défend l’accusé après avoir à plusieurs reprises affirmé que Marie-Hélène Lalanne était en demande de relations sexuelles avec lui et se montrait «très offensive».
«Vous dites qu’elle vous faisait peur alors que vous aviez une armée de femmes à vos basques ! Vous êtes un adepte des arts martiaux, si elle vous projette sur le lit, c’est que vous le voulez bien», s’étonne le président, visiblement agacé d’entendre l’accusé répéter que toutes ses relations sexuelles avec les femmes du groupe étaient parfaitement consenties. Pour Marie-Hélène Lalanne, sortie de « la secte » en mars 2007 et toujours en situation de surendettement, Robert Le Dinh a «détruit» sa vie. «Il m’a pris vingt ans. L’argent ce n’est pas grave mais la vie, on ne peut pas remonter son cours».
Source : http://www.ladepeche.fr/article/2012/04/05/1323612-le-dinh-il-a-pris-vingt-ans-de-ma-vie.html
LA DEPECHE 05/04/2012 07:58 | Johanna Decors
Foix.
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