L’émission consacrée par Zone Interdite aux dérives de l’islam rigoriste, et notamment à Roubaix, avait fait couler beaucoup d’encre. Cinq mois plus tard, le gendarme de l’audiovisuel estime qu’aucun « manquement » ne peut être retenu contre M6.
C’est une décision qui intervient bien tardivement, mais qui conforte M6 et Zone Interdite, accusés de tous les maux après son émission intitulée « Face au danger de l’Islam radical, les réponses de l’État », diffusée le 23 janvier. Manquements à l’éthique journalistique, atteinte à l’image de Roubaix, généralisation à l’égard des musulmans, les critiques avaient été très nombreuses contre la chaîne, alors que l’émission avait suscité des débats politiques virulents en pleine campagne présidentielle. La présentatrice Ophélie Meunier, et le Roubaisien Amine Elbahi, qui intervenait comme témoin dans l’émission, avaient été menacés de mort et placés sous protection policière.
Le documentaire avait notamment pointé du doigt les objets – livres sexistes ou faisant l’apologie du jihad, poupées sans visage – mis en vente dans certains commerces de la rue de Lannoy. Elle avait aussi évoqué le cas des box avec rideaux permettant aux femmes voilées de déjeuner à l’abri des regards, au restaurant le Familial, fermé depuis pour des raisons d’hygiène. Enfin, elle avait décortiqué l’affaire AAIR, du nom de l’association Ambitions et initiatives pour la réussite, accusée d’avoir eu des activités religieuses alors qu’elle touchait des fonds publics. L’image donnée de Roubaix par cette émission avait été jugée catastrophique par beaucoup d’habitants.
« L’ensemble des personnes de confession musulmane n’était pas visé »
Cinq mois plus tard, l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), issue de la fusion du CSA et de l’Hadopi, qui avait été saisie de plaintes après la diffusion de cette émission, a rendu son verdict. La décision, publiée le 14 juin, émane de l’assemblée plénière de l’autorité, qui s’est réunie le 10 mai. Elle estime au final que « les propos tenus n’avaient pas constitué un encouragement à des comportements discriminatoires ou une incitation à la haine en raison de la religion », notamment parce qu’« il avait été rappelé à plusieurs reprises que l’ensemble des personnes de confession musulmane n’était pas visé par les propos dénonçant la radicalisation ».
L’Arcom juge également que les droits des personnes interviewées ont été respectés, « les personnes qui s’exprimaient à visage découvert l’ont fait librement tandis que celles filmées en caméra cachée n’étaient pas identifiables ». En conséquence, écrit l’Arcom, celle-ci n’est « pas intervenue à l’encontre de l’éditeur du service ». Ce qui signifie qu’elle n’a rien à reprocher à la chaîne de télévision, ni aux auteurs du film, qui avaient répondu aux critiques après la diffusion de ce documentaire.
source : https://www.lavoixdunord.fr/1195469/article/2022-06-20/l-arcom-ne-retient-aucun-grief-contre-l-emission-de-zone-interdite-sur-roubaix?&pwback