Une association émanation de l’Église de scientologie, la Commission des citoyens pour les droits de l’homme, va manifester ce mercredi devant les hôpitaux psychiatriques d’Erstein et de Rouffach, pour dénoncer des « abus en matière de contention et d’isolement ».
« Des abus en matière de contention (immobilisation avec la camisole, NDLR) et d’isolement » dans les établissements psychiatriques de l’Est de la France. Voilà ce que veut dénoncer une association, la Commission des citoyens pour les droits de l’homme (CCDH). Pour ce faire, à partir de mardi, elle va manifester successivement devant les centres hospitaliers de Verdun, Nancy, Metz-Thionville, Sarreguemines, Lorquin, Erstein et Rouffach. Mais la CCDH n’est pas une association comme les autres. Elle est affiliée à l’Église de scientologie, organisation répertoriée comme sectaire par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes). Née aux États-Unis, la scientologie entreprend régulièrement ce type de démarches au travers d’associations satellites, à l’instar de l’opération « Non à la drogue, oui à la vie ». La CCDH en guerre contre les organismes de santéPour Mylène Escudier, présidente nationale de la CCDH, cela ne pose pas de problème : la commission a « été cofondée en 1969 aux États-Unis avec l’Église de scientologie car nous nous rejoignons sur les droits de l’homme ». Pour chaque établissement psychiatrique, la CCDH déroule une liste de récriminations. À Verdun, c’est un « manque de transparence ». Le centre hospitalier ne lui a pas communiqué le registre des mesures d’isolement et de contention malgré un avis de la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada) du 25 juin dernier. Aux centres hospitaliers de Metz-Thionville et Sarreguemines, mêmes reproches. Au Centre psychothérapeutique de Nancy (CPN), qui a fourni ce registre à la CCDH en 2018, Mylène Escudier reproche d’avoir « anonymisé », « occulté certaines données » le « rendant inexploitable ». Par exemple, sur la plus longue mesure d’isolement (43 jours), elle ne sait pas si « c’est consécutif, cumulatif ou si d’autres mesures se sont appliquées au même patient ». Enfin, à Lorquin, avec le registre, elle relève, par exemple, un isolement consécutif de 412 jours dont 12 jours de contention pour une même personne. Une « violation des droits humains »La CCDH n’a évidemment pas accès aux dossiers médicaux de ces patients, même anonymisés, pour juger du bien-fondé de la mesure. Ils sont couverts par le secret médical. Mais se basant sur la loi de 2016 disant que « l’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre, prise pour une durée limitée », Mylène Escudier estime que ces hôpitaux « violent les droits humains les plus fondamentaux et la dignité des patients ». Depuis plusieurs années, la CCDH multiplie les procédures contre les organismes de santé (Fédération des hôpitaux, Agences régionales de santé, centres hospitaliers…) devant différentes juridictions françaises. Dans ce contexte délétère, Christophe Arnould, directeur général adjoint du Groupement hospitalier territoire (GHT) Cœur Grand Est dont fait partie Verdun, apporte une réponse catégorique et ferme : « On respecte le code de santé publique de A à Z. Les registres sont à disposition des magistrats habilités, comme les maires, et des autorités publiques. Ils sont tenus et à jour, mais la CCDH n’a pas à y accéder. Elle n’est pas habilitée. » Sans vouloir s’exprimer sur la nature de la CCDH, il précise sa position, commune à nombre d’établissements : « Il en va de la santé, de la qualité des soins et de la confidentialité pour les malades, mais également de l’intégrité et de la sécurité de nos professionnels. » source : DNA – Dernières Nouvelles d’Alsac 22 août 2020 Par Cédric CITRAIN |