PARIS, 1 oct 2019 (AFP) – La mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), qui dépend de Matignon, va être rattachée au ministère de l’Intérieur en 2020, a-t-on appris mardi de sources concordantes.

Placée sous l’autorité du Premier ministre, cette mission, instituée en 2002, partage son activité entre le traitement des signalements qui lui sont transmis (environ 2.500 par an, dont 40% dans le domaine de la santé) et la formation des agents publics (magistrats, policiers et gendarmes, médecins…) aux risques sectaires.

« Les agents du Secrétariat général de la Miviludes confirment qu’ils ont été récemment informés du rattachement de la Mission au ministère de l’Intérieur en début d’année 2020 », ont-ils dit dans un message à l’AFP, confirmant une information de France Inter.

Ils ont aussi été informés « d’un rapprochement avec le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR) », qui dépend du ministère, ajoutent-ils dans ce message.

« Le gouvernement a (…) décidé de rattacher la Miviludes au ministère de l’Intérieur » et ce « pour début 2020 », a-t-on indiqué place Beauvau.

« Ce rattachement », selon le ministère, peut s’expliquer notamment par « la nécessité (…) de partages de compétences avec d’autres organismes qui n’existaient pas lors de sa création, comme le secrétariat général du CIPDR par exemple ». La Miviludes et le CIPDR ont « un point commun important qui est la lutte contre les nouvelles formes de radicalité et les phénomènes d’emprise et d’enfermement », ajoute-t-on.

« La lutte contre les dérives sectaires ne relève pas que du ministère de l’Intérieur », a toutefois estimé auprès de l’AFP l’ancien président (2008-2012) de la Miviludes, Georges Fenech.

« Si on noie la Miviludes dans un organisme, cela ne mobilisera plus toutes les administrations », comme aujourd’hui, a-t-il ajouté, exprimant des « inquiétudes ». La lutte contre les dérives sectaires « n’a pas de lien direct avec la radicalisation », selon lui.

En 2015, la Miviludes estimait qu’environ 500 groupes pouvant être considérés comme sectaires, touchant un demi-million de personnes, étaient actifs sur le sol français.

Depuis avril 2014, la Miviludes formait aussi les fonctionnaires et associatifs chargés de suivre les familles touchées par la radicalisation jihadiste.

La Miviludes attendait depuis plusieurs mois la nomination d’une nouveau président, après le départ de Serge Blisko, parti à la retraite en 2018.

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