Le directeur d’un institut théologique évangélique situé en Israël est soupçonné de “dérives sectaires”.
“Nous tenons à vous informer d’une situation délicate.” Dans une “déclaration de préoccupation” officielle envoyée le 25 juin à leurs unions d’Églises, plusieurs alliances évangéliques francophones affirment avoir été interpellées par l’Alliance évangélique européenne au sujet de l’Institut francophone de théologie de Jérusalem (IFTJ). Cet établissement, aussi appelé Institut et faculté de théologie de Jérusalem, a été ouvert en 2007 en Israël.
Dans leur communiqué commun, le Conseil national des évangéliques de France (Cnef), le Réseau évangélique suisse, le Synode fédéral des Églises protestantes et évangéliques de Belgique et l’Alliance évangélique francophone de Belgique indiquent avoir été informés qu’un collectif d’anciens étudiants et professeurs de l’IFTJ avait rassemblé de nombreux témoignages. Ce collectif est à l’initiative d’“investigations” sur le sujet, précise la déclaration de préoccupation.
“Prudence nécessaire”
Les alliances évangéliques ajoutent : “En l’état des informations parvenues à notre connaissance, compte tenu du contexte et alors que plusieurs des étudiants de cet institut proviennent de nos trois pays, nous recommandons la prudence nécessaire si des personnes de vos unions d’Églises avaient le projet de s’inscrire à cet institut.”
Ce n’est pas tout. Réforme a appris que le collectif d’ex-étudiants et professeurs de l’Institut et faculté de théologie de Jérusalem était accompagné par le Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes). Reconnu association d’intérêt général, ce centre d’écoute et de prévention accompagne depuis 45 ans des victimes d’emprise sectaire et leurs familles. Sa présidente, Charline Delporte, nous en dit plus sur cette affaire en cours :
“Depuis quelques mois, nous sommes en lien avec ce collectif d’anciens étudiants et professeurs de l’Institut francophone de théologie de Jérusalem. Notre méthode est la suivante : nous utilisons notre expertise ainsi que les dix critères de dangerosité établis par le rapport parlementaire n°2468 de décembre 1995, combinés au dix critères de l’emprise mentale établis par Philippe-Jean Parquet, professeur en psychiatrie infanto-juvénile et membre du Conseil d’orientation de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
Après avoir soigneusement étudié une trentaine de témoignages, après avoir entendu ces personnes, nous sommes scandalisés par ce qu’elles ont eu à subir. Nous ne comprenons pas pourquoi Jacques Elbaz, le directeur de cet institut, n’a pas été freiné, voire sanctionné par ses supérieurs. Nous estimons, avec nos trente années d’expérience, que Jacques Elbaz est nuisible à cet institut. Ce collectif de victimes a subi une triple escroquerie : intellectuelle, morale et financière. Nous allons continuer à accompagner ces personnes et ces familles de A à Z, à leur apporter notre soutien, car nous ne pensons pas que Jacques Elbaz va en rester là, d’autant plus que d’autres étudiants sont toujours présents dans cet institut aujourd’hui. Je m’interroge sur leur devenir.”
source :https://www.reforme.net/religion/les-evangeliques/2020/06/29/institut-francophone-de-theolo
Par Louis Fraysse