Tout commence le 28 février 1993, lorsque des agents du bureau fédéral de l’alcool, du tabac et des armes à feu (ATF) lancent un raid, à la recherche d’armes illégales fabriquées par une secte religieuse adventiste du Septième Jour, dans une ferme non loin de Waco, dans l’État du Texas, aux États-Unis. Dix personnes meurent dans la fusillade qui éclate : six membres de la branche des Davidiens, dont David Koresh (34 ans) est le prophète autoproclamé et quatre agents de l’ATF.
Le « ranch de l’Apocalypse »
Le FBI intervient. Des centaines de policiers encerclent la secte : le siège de la résidence des Davidiens, le Mont Carmel, baptisé le « ranch de l’Apocalypse » par Koresh, débute. Il va durer 51 jours et sera suivi par les médias du monde entier, dont « Sud Ouest ».
Après avoir obtenu du « Christ » de Waco qu’il relâche quelques davidiens, dont vingt enfants au total, toutes les négociations conduites par le FBI pour convaincre David Koresh de se rendre vont échouer. Le gourou brandit à plusieurs reprises la menace de suicide collectif, obtiendra notamment des autorités de pouvoir diffuser 58 minutes de harangue sur des radios chrétiennes à travers tout le pays. Après une nième requête, cette fois-ci rejetée, le 19 avril 1993, la ministre de la Justice, Janet Reno, ordonne que l’assaut soit lancé sur la résidence avec l’accord du président Clinton.
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Après des appels à se rendre lancés par des haut-parleurs, des tanks munis de longues barres de fer enfoncent les murs. À travers les trous formés, les forces d’intervention envoient du gaz lacrymogène à l’intérieur de la résidence. Les Davidiens répliquent par une fusillade.
« L’enfer à Waco »
Les forces de l’ordre cherchent à faire sortir, sains et saufs, les membres de la secte. Elles ne répondent donc pas aux tirs, et continuent d’envoyer du gaz lacrymogène. Soudain, le silence. Des flammes et des nuages de fumée commencent à s’élever de la ferme-forteresse, un ranch entièrement construit en bois, puis un véritable brasier détruit tout sur son passage. Soixante-seize membres de la secte de David Koresh ont péri dans l’enfer. Seulement neuf personnes, certaines très gravement brûlées, ont réussi à s’échapper. Aucun des vingt et un enfants de la secte n’a survécu. Selon Bob Ricks, le responsable de l’opération du FBI, David Koresh aurait ordonné que les enfants soient endormis par piqûre avant la mise à feu finale. Bon nombre d’adeptes auraient été abattus par leurs chefs, selon des constatations de la police. La Grande-Bretagne, où des membres de l’Église des adventistes du septième jour de Nottingham avaient été recrutés par les davidiens, est en état de choc. On estime, en efifet, à vingt-quatre le nombre de ressortissants britanniques à avoir péri dans l’holocauste final, l’enfer de Waco, comme le titre la une de « Sud Ouest » le 20 avril.
Un suicide collectif et des théories conspirationnistes
Cette fin tragique et spectaculaire a suscité une vive controverse aux États-Unis, notamment au sein de l’Administration américaine, sur l’opportunité de l’assaut, et a généré de multiples théories conspirationnistes. Comment et pourquoi les actions du gouvernement avaient-elles pu conduire à ce résultat désastreux ? Fallait-il donner l’assaut ? Alors que les États-Unis s’interrogent sur le bien-fondé de l’assaut lancé par les policiers du FBI contre « le ranch de l’Apocalypse », la ministre de la justice a proposé sa démission. Le président Clinton lui a apporté son soutien et fait savoir qu’il n’avait pas l’intention de demander sa démission. II a, néanmoins, annoncé l’ouverture d’une enquête administrative.
Le fait est que la menace de suicide collectif n’avait pas été prise au sérieux : « Aucun d’entre nous ne s’attendait à ce qu’ils se suicident », a reconnu le directeur du FBI.
Les conditions sanitaires qui se dégradaient à l’intérieur du ranch, où David Koresh, selon les révélations de la presse locale américaine, pratiquait la violence, l’atteinte sexuelle sur mineur et la polygamie, avaient amené Janet Reno à penser que la vie des enfants était, de toute façon, menacée, et motivé le déclenchement de l’assaut pour en finir avec une situation bloquée qui laissait penser que les assiégés ne sortiraient jamais de leur siège retranché. Le gourou de Waco se préparait à une confrontation armée avec le FBI, avec la ferme intention de tuer le maximum d’agents possible.
« David Koresh, c’était le diable »
Pour le FBI, il ne fait pas de doute que l’incendie a été allumé par les fidèles de David Koresh et qu’il s’agit d’un suicide collectif. « C’est un autre Jonestown « a déclaré un de ses responsables, en évoquant le drame survenu en novembre 1978 en Guyana, où plus de 900 membres d’une secte fondée par Jim Jones s’étaient donné la mort. Selon des témoignages publiés dans « Sud Ouest » le 21 avril, Koresh était « le diable ». Le gourou qui a vraisemblablement disparu dans les flammes, choisissait des membres de l’Église des adventistes du septième jour parce que c’était ceux qu’il connaissait Il utilisait ensuite ses connaissances pour les persuader qu’il pouvait leur offrir quelque chose de meilleur et lavait le cerveau de ses victimes. Reste que lorsque l’incendie a éclaté, le FBI a été pris au dépourvu. Les voitures des pompiers ont mis quarante minutes à arriver sur les lieux. Trop tard : tout était déjà réduit en cendres. L’enquête a exonéré les forces de l’ordre. Mais certains, tels Dick DeGuerin, l’avocat recruté à l’époque par la mère de Koresh pour trouver un accord et obtenir sa reddition, pensent encore aujourd’hui que si les agents fédéraux avaient attendu, le siège de Waco se serait terminé pacifiquement.