« Richard aux yeux qui pétillent » comme aimaient l’appeler ses amis, nous a quittés. Le CCMM tient à rendre hommage à l’homme d’engagement et de conviction, qui a consacré son énergie à la défense des victimes d’organisations sectaires et d’atteintes à la dignité de l’homme.Le CCMM adresse à sa famille et à ses proches ses condoléances attristées. Grand par sa simplicité, grand par sa gentillesse, grand par son humour, grand par son engagement au service de ses concitoyens, Jacques Richard a reçu un grand hommage pour ses obsèques le 18 novembre dernier.
Le Conseil d’Administration, les membres et correspondants de la FECRIS ont l’immense tristesse d’annoncer le décès du Dr Jacques Richard, leur Président fondateur.Nous saluons ici son courage, sa ténacité, son engagement à défendre les victimes de sectes destructrices. Il restera un modèle pour chacun d’entre nous.
Hommage à Jacques Richard de Suzanne Nokin, épouse de feu Jean Nokin Président de la FECRIS de 1999 à 2005. Jacques Richard était un des derniers pionniers de l’UNADFI, créée en 1982 par une poignée de familles dont les enfants ou conjoints étaient victimes à cette époque d’une nuée de sectes provenant des quatre coins du monde, des Indes notamment via les Etats-Unis principalement. Sa ténacité, sa persévérance, la force de ses convictions, la ligne qu’il s’était tracée ont porté leurs fruits. Médecin au Mans, il avait créé une antenne ADFI au Mans. Il était un des piliers précieux de l’UNADFI dont le siège est à Paris. Il était un précieux collaborateur de la rédaction de la revue d’information BULLES de l’UNADFI. Son intégrité, l’éthique et l’envergure avec lesquelles il appréhendait le problème délicat des mouvements sectaires et l’addiction qu’ils suscitent étaient exemplaires. La création de la FECRIS a été décidée en 1993 à Barcelone lors d’un colloque international sur les mouvements sectaires organisé par l’association espagnole A.I.S. Jacques Richard avait accepté de prendre en charge la « construction » de cette fédération européenne. Pendant un an il a pris son bâton de pèlerin et a visité tous les pays susceptibles d’adhérer à cette cause. C’était une tâche énorme car à l’époque le sujet était encore tabou, et les mouvements sectaires étaient puissants. La FECRIS a donc été créée officiellement en France en 1994, à Paris. Jacques en a pris la présidence. Elle était alors composée de 7 pays européens (Allemagne, Autriche, Belgique, Espagne, France, Royaume-Uni, Suède, Suisse). Aujourd’hui il y a des associations de 30 pays qui sont membres ou correspondants – dont 5 sur d’autres continents. Avec très peu de moyens financiers, il a réussi à asseoir cette fédération, à la structurer et à mettre en confiance les membres qui, par leur adhésion à la fédération, ont pu renforcer leur réputation dans leurs pays respectifs. La base de la FECRIS étant très solide, elle est devenue OING à statut participatif auprès du Conseil de l’Europe depuis 2005. ONG à statut consultatif spécial du Conseil économique et social des Nations Unies depuis 2009, Participant de la Plateforme des droits fondamentaux (FRP) de l’Union Européenne depuis 2010.
Hommage de l’UNADFI
Jacques a été l’un des pionniers de nos associations en créant dès 1975 une antenne Adfi au Mans, antenne devenue l’Adfi de la Sarthe en 1993 avec lui comme premier président. Conscient de la nécessité pour les Adfi de s’unir pour donner du poids à leur action, il a participé, au côté d’autres présidents d’Adfi, à la création de l’Unadfi dont il a été membre du Conseil d’administration de ses débuts en 1982 jusqu’en 2001. Il est resté membre de l’Adfi Paris jusqu’à la fin de sa vie. A partir des années 90, il a été très actif au sein de la Fecris, fédération européenne créée en 1994, qu’il avait beaucoup contribué à construire et dont il a
été le premier président pendant cinq ans. Rien ne peut mieux éclairer cet engagement que les propres mots de Jacques lors du CA de l’Unadfi en 2001, le dernier pour lui : « En quittant cette fonction, j’ai à coeur de redire quelles ont été mes principales motivations depuis 26 ans que je milite ici :
– D’abord j’ai connu le choc d’être désemparé devant un fils devenu brusquement un étranger.
– Puis la résolution qui a mûri en moi de faire en sorte qu’il ne puisse jamais me dire : « Tu savais et tu n’as rien dit ».
Jacques a aussi collaboré à la revue de l’Unadfi, Bulles, dès les premiers numéros en 1983 et aussi longtemps que sa santé le lui a permis. Il a en particulier contribué à faire connaître les premières études sur les techniques d’embrigadement et de contrôle mental.
Homme de culture classique, connaisseur de l’histoire des pays européens, il nous laisse l’image d’un humaniste à la fois respectueux des autres et déterminé à lutter pour la vérité face aux négationnistes de l’emprise sectaire.
Convaincu de la nécessité d’être présent au côté des victimes d’organisations sectaires pour dénoncer et combattre les atteintes aux personnes et la destruction des familles, il était aussi très préoccupé des risques que ces organisations représentent pour l’avenir de nos sociétés. Dans les différentes fonctions qu’il a occupées au sein de nos associations, il s’est toujours montré attentif à préserver une cohésion indispensable à la réussite de leur mission : « J’ai été témoin d’une belle cohésion entre nous, alors que précisément les sectes ont tout pour nous diviser, disait-il en quittant le CA de l’Unadfi. Cette cohésion est due au profond
respect que nous avons les uns pour les autres en dépit de nos croyances et de nos convictions
très variées ». Reconnaissante pour ce qu’il a apporté à l’ensemble des associations, l’Unadfi lui rend aujourd’hui un hommage très amical.
Paris, 18 novembre 2017