Ces médicaments n’ont pas « démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d’un remboursement » a estimé vendredi 28 juin l’instance scientifique. Cet avis ne « tient pas compte de la spécificité des médicaments homéopathiques », réagit le laboratoire Boiron.
Dans son communiqué, la HAS rappelle que, contrairement aux autres médicaments, les médicaments homéopathiques « « n’ont pas été évalués scientifiquement avant d’être inscrits au remboursement il y a plusieurs décennies ». Saisie par le ministère de la santé, sa commission de la transparence a mené une évaluation qui a concerné près de 1 200 médicaments homéopathiques. Elle a aussi analysé plus de 1 000 publications scientifiques ainsi que les documents déposés par les trois laboratoires concernés (Boiron, Weleda et Rocal-Lehning).
Au terme de cette évaluation scientifique qui a nécessité neuf mois de travail, la HAS se prononce donc en défaveur du maintien du remboursement des médicaments homéopathiques, dans un avis adopté à la majorité.
La HAS précise avoir identifié des données scientifiques pour 24 affections et symptômes traités par homéopathie tels que les troubles de l’anxiété, les verrues plantaires, les soins de support en oncologie, les infections respiratoires aiguës chez l’enfant, etc. « Pour l’ensemble de ces affections et symptômes (…) ces médicaments n’ont pas démontré scientifiquement une efficacité suffisante pour justifier d’un remboursement », indique la HAS, en ajoutant que plusieurs raisons motivent cette conclusion.
Elle pointe d’abord le fait que les « données cliniques ne permettent pas de conclure à une efficacité suffisante ». Pour la HAS, il n’y a pas non plus de nécessité de « recourir systématiquement à des médicaments (classiques ou homéopathiques) pour traiter des pathologies sans gravité ou qui guérissent spontanément ».
Un avis consultatif
Enfin la HAS dénonce l’absence « d’étude robuste » permettant d’évaluer « l’impact des médicaments homéopathiques sur la qualité de vie des patients ». Un argument qui sera sans doute contesté par de nombreux utilisateurs de produits homéopathiques qui affirment, souvent avec force, être soulagés par ces traitements. Reste à savoir ce que va décider Agnès Buzyn.
L’avis de la HAS n’est que consultatif mais, ces dernières semaines, elle n’a cessé de répéter qu’elle suivrait les préconisations de cette instance. Ce qui est certain, c’est que la ministre ne compte pas se précipiter. « Aujourd’hui mon urgence est de gérer la canicule et son impact, je pense que la décision peut attendre encore quelques jours », a-t-elle déclaré jeudi 27 juin sur France 2.
Après avoir échoué à convaincre les autorités réglementaires, Boiron va donc maintenant poursuivre son combat sur le plan politique, en faisant jouer l’argument de l’emploi. L’entreprise martèle depuis des mois qu’un déremboursement menacerait un millier d’emplois sur un total de 2 600 en France. Dans son communiqué, le groupe pharmaceutique affirme que 60 % de l’activité du groupe « seraient impactées directement par une modification du taux de remboursement des médicaments homéopathiques ».
« Des pratiques qui ne sont ni scientifiques ni éthiques »
Cela fait longtemps que les médicaments d’homéopathie sont sur la sellette. En 2003, le ministre de la santé, Jean-François Mattei avait baissé le remboursement de l’homéopathie de 65 % à 35 %, en 2003. Mais cette mesure n’avait pas eu de véritable impact puisque les mutuelles avaient alors continué à les prendre en charge. Ce qui pourrait ne plus être le cas si un déremboursement complet était décidé.
À plusieurs reprises, ces dernières années, l’Académie de médecine a souligné le fait que l’efficacité de l’homéopathie n’était pas démontrée. Mais le vrai coup de boutoir est venu d’une pétition publiée en mars dans le Figaro par un groupe de 124 médecins, souhaitant dénoncer les « fake » médecines, dans lesquelles ils rangeaient l’homéopathie. « De ces pratiques qui ne sont ni scientifiques ni éthiques, mais bien irrationnelles et dangereuses, nous souhaitons nous désolidariser totalement », affirmaient ces praticiens dont les arguments n’ont cessé, depuis, d’être contredits par les médecins homéopathes.
source :lacroix.fr