Le collectif FakeMed, qui a obtenu le déremboursement de l’homéopathie, dénonce la prise en charge des médecines douces par les mutuelles.
Depuis 2016, l’assurance maladie complémentaire d’entreprise est devenue obligatoire pour les salariés du privé. Cependant, on peut se demander si cette nouvelle solidarité est toujours pertinente. A des fins commerciales, car on ne peut naïvement nier l’existence d’une demande, certaines complémentaires santé, assurances comme mutuelles, proposent de couvrir le coût de soins non conventionnels. Nous dénonçons ce choix, en mettant en avant une éthique utilitariste : pour contribuer à la bonne santé du plus grand nombre, les moyens, limités, doivent couvrir les soins les plus efficaces, et ne pas être dilapidés dans des pratiques illusoires et non fondées.
Le premier groupe mutualiste en France (couvrant 4,5 millions de personnes) prend en charge des séances d’ostéopathie, chiropraxie, micro-kinésithérapie, acupuncture, auriculothérapie, mésothérapie, bio-kinergie, kinésithérapie énergétique, ou encore neuro-stimulation électrique transcutanée. Or ces disciplines n’ont pas fait preuve de leur efficacité, ou au mieux de manière très limitée. Le deuxième groupe mutualiste (4 millions d’assurés) inclut dans son offre la plus simple des forfaits pour couvrir les « médecines douces », mélangeant des disciplines éprouvées (diététique, psychothérapie), et d’autres plus discutables (ostéopathie, chiropraxie).
Il est absurde que des disciplines n’ayant pas fait preuve de leur efficacité soient prises en charge par la solidarité nationale
Côté assureurs, le plus important d’entre eux ne prévoit pas la prise en charge de soins alternatifs dans son contrat de base, mais il propose lui aussi une offre supplémentaire pour les « médecines douces », terme sous lequel il regroupe les ostéopathes, les chiropracteurs, les acupuncteurs et les pédicures-podologues. Notons au passage que ces derniers proposent des actes cliniques conventionnels, et que rien ne justifie donc leur place dans cette catégorie.
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Il nous semble absurde que des disciplines n’ayant pas fait preuve de leur efficacité soient prises en charge par ce qui est devenu, de fait, de la solidarité nationale. En effet, l’argent alloué à ces pratiques non conventionnelles est utilisé au détriment de soins qui pourraient, eux, rendre service : psychothérapie, diététique, ergothérapie, sport sur ordonnance, etc. De surcroît, leur prise en charge leur confère une apparente crédibilité et maintient les patients dans une confusion dont savent profiter les pseudo-thérapeutes. Contrairement à ceux de la Sécurité sociale, les chiffres de ces dépenses ne sont pas publics. Mais lorsque l’on parle de moyens mis en commun, les millions s’accumulent vite.
Nous suggérons de proposer une offre dépourvue de soins non conventionnels
Nous invitons les complémentaires santé et les consommateurs à mener des recherches sur l’efficacité et l’utilité de ces médecines alternatives. Nous suggérons de proposer une offre dépourvue de soins non conventionnels, permettant aux usagers un vrai choix tout en diminuant le coût des cotisations, sans affecter la qualité de la couverture proposée. Pour cela, nous serions ravis d’entamer un dialogue constructif avec elles. Les complémentaires santé, en tant qu’acteur des soins, se doivent de respecter des règles, afin de protéger les patients. Donner des informations claires et justes quant aux pratiques qu’elles prennent en charge est, dans cette optique, indispensable.
*Le collectif FakeMed regroupe des professionnels de la santé et défend la médecine fondée sur des preuves scientifiques.