« Toutes les améliorations pourraient être une bonne chose, si les plateformes avaient une vraie volonté politique de réguler les contenus »
Le mois dernier, trois associations françaises reprochaient à Twitter, Facebook et YouTube une modération trop laxiste des contenus haineux sur leurs services en ligne. Silence des géants américains. Et inaction ?
Manifestement non puisque ces derniers, aux côtés de Microsoft, viennent de s’engager auprès de la Commission européenne sur l’application d’un code de bonne conduite « pour lutter contre la diffusion en ligne de discours de haine illégaux en Europe. »
Les signataires du code prennent donc des engagements afin notamment « que la majorité des signalements valides puissent être examinés en moins de 24 heures », et si nécessaire ils retireront ou bloqueront l’accès aux contenus incriminés…
En clair, les géants US du Web s’engagent sur des grands principes, sans portée contraignante ni audit des mesures effectivement mises en place pour respecter ce code de bonne conduite. C’est d’ailleurs ce que reprochent des organisations, dont l’European Digital Rights (EDRi) et Access Now…
En France, l’officialisation de ce code de bonne conduite suscite là aussi un enthousiasme très modéré. Pour l’UEJF, SOS Racisme et J’Accuse, certes celui-ci va « dans la bonne direction », mais demeurent « plusieurs zones d’ombre ».
Les plateformes prennent un engagement sur l’examen des signalements, non sur les suites à donner. Et c’est bien ce qui pose problème pour ces représentants de la société civile pour qui « les signalements ne fonctionnent pas »… Lire l’intégralité.
« Parmi les contenus de haine signalés, 96 % restaient visibles sur Twitter, 93 % sur Youtube, et 66 % sur Facebook. Dans ces conditions, davantage que la rapidité de suppression des contenus haineux annoncée dans le code de bonne conduite, c’est avant tout le taux de suppression qui devrait être revu et amélioré. »
Cette position n’est visiblement pas partagée par Twitter. « Les comportements haineux n’ont pas leur place sur Twitter, et nous continuerons à les combattre aux côtés de nos partenaires dans le secteur d’activité et la société civile. Nous restons déterminés à laisser se poursuivre la circulation des tweets » réagit sa responsable des affaires publiques, Karen White.
Comme l’EDRi et Access Now, l’UEJF, SOS Racisme et J’Accuse s’étonnent que le respect de la législation nationale soit relégué au second plan, voire même éludé. « Enfin, la question de la nature des contenus illicites qui devront être retirés reste en suspens. »
« Toutes les améliorations pourraient être une bonne chose, si les plateformes avaient une vraie volonté politique de réguler les contenus lorsque des signalements leur sont adressés. D’expérience, nous savons que la réalité est toute autre, le reste n’est qu’entreprise de communication et de lobbying. En ce qui concerne J’Accuse, nous nous attacherons non aux paroles, mais aux actes » tance le président de J’Accuse, Marc Knobel…
Source : Znet
Par Christophe Auffray, publié sur Zdnet le 1er juin 2016