« Depuis 13 ans nous ne voyons plus notre fille », déplore la mère à la barre du tribunal correctionnel de Paris.
Après de brillantes études, des postes importants, au début des années 2000, sa fille, prénommée Florence, commence à consulter la thérapeute, dont elle n’avait de cesse de vanter ses qualités. Peu à peu, elle fait le vide autour d’elle, rompt avec ses amis, ses parents.
Un jour au restaurant, en plein milieu du repas, « elle s’est mise à hurler », se plaint d’avoir été « privée d’amour », s’en prend à sa famille « épouvantable », critique ses grands-parents, des êtres « méprisables », explique sa mère. « Personne n’avait plus grâce à ses yeux. Elle a fait un esclandre et elle est partie. »
Elle ira jusqu’à accuser sa mère d’avoir pris part à un réseau pédophile et de l’avoir livrée à des orgies dans une ferme du nord de la France. Elle avait aussi parlé de sacrifices d’enfants, d’avortements forcés, de magie noire, et attribué à sa mère des relations qui lui permettaient de manipuler, sinon la justice, à tout le moins la police et les experts.
Comment l’expliquer? « Je pense qu’elle est tombée dans une parano… » dit la mère en soufflant. Elle espérait, tout en le craignant, revoir sa fille à l’audience. Mais Florence n’est pas venue. Partie civile sans se considérer comme victime, celle-ci est représentée par son avocate. Si elle a retiré quelque 750.000 euros en liquide, issus de la vente de stock-options, elle a assuré qu’elle n’avait pas remis cette somme à sa thérapeute.
– Le but des « charlatans », « c’est l’argent » –
« J’ai perdu ma fille, je ne sais plus où elle est », souffle son père.
A l’une de ses amies, qu’elle connaissait depuis la sixième, Florence avait envoyé un courriel de rupture car elle serait une « personne moche de l’intérieur ». « C’était excessivement brutal », a-t-elle témoigné.
Une autre, qui la considérait comme une soeur, avec qui elle passait toutes ses vacances pendant leur enfance raconte s’être retrouvée face à quelqu’un qu’elle ne reconnaissait plus: « Elle m’a dit des choses qui pour moi n’étaient pas elle. » Alors que son amie allaitait sa fille, elle reprochait à sa propre mère de ne pas l’avoir fait. « Renseignement pris, sa mère l’a allaitée », ajoute-t-elle.
Quand sa grand-mère, « pilier » de la famille, est morte, elle n’était pas là, ajoute-t-elle, des larmes dans la voix.
Au coeur de ce procès, les « faux souvenirs induits », de traumatismes prétendument subis pendant l’enfance. Un dénominateur commun chez les plaignantes dans cette affaire. L’une des « techniques de manipulation » que l’on retrouve chez les « thérapeutes déviants », souligne Claude Delpech, présidente de l’association Alerte aux faux souvenirs induits (AFSI).
« Au bout de la route, nos enfants ne reviennent jamais tout à fait », quand ils reviennent et sortent de l’emprise, poursuit-elle. Quant au but des « charlatans » contre lesquels elle lutte, « c’est l’argent, uniquement l’argent ».
La « voix royale » pour « diaboliser l’entourage » d’une personne et l’isoler, a expliqué Jean-Pierre Jougla, spécialiste des sectes.
Interrogé par le président qui souligne que les parties civiles dans ce dossier ont un « bagage intellectuel », il met en avant « l’idée fausse », l' »erreur » qui consisterait à penser qu’il faille une « fragilité préexistante » pour tomber sous emprise.
Confrontée à la convergence des témoignages à charge, la prévenue a concédé « l’erreur » d’avoir été « trop proche de ces gens ». Pourquoi y aurait-il « autant de menteuses et de menteurs » contre elle, demande le président. « Je maintiens ce que j’ai dit », répond Marie-Catherine Phanekham après un silence, « je n’ai rien fait ».
Le procès se poursuit mercredi.
source :www.larepubliquedespyrenees.fr