La formation néo-fasciste Atalante Québec est officiellement bannie des plateformes de Facebook, annonce le réseau social. Tous les administrateurs et membres fondateurs se voient ainsi montrer la porte.
n’était déjà plus accessible depuis le mois d’août. Mais une porte-parole de Meta, la compagnie qui chapeaute notamment Facebook, Instagram et Whatsapp, indique que le groupe est maintenant formellement désigné comme une organisation dangereuse.
Ainsi, tout soutien, éloge, représentation ou même référence, sauf pour condamner le groupe, se verra donc automatiquement retiré, affirme l’entreprise. Tout lien vers le contenu de la formation sera également supprimé par Facebook.
L’opposant aux mesures sanitaires Alexis Cossette-Trudel et sa page Radio-Québec avaient subi le même sort en octobre 2020. Meta avance que plus de 4000 autres pages sont également en processus de vérification, partout dans le monde.
Le partage d’imagerie nazie sur la plateforme serait notamment à l’origine du bannissement du groupe identitaire, selon Facebook. Une photo d’un des membres du groupe avec l’inscription Arbeit Macht Frei (le travail, c’est la liberté) tatouée sur l’avant-bras serait notamment en cause. Le slogan nazi se trouve à l’entrée du camp de concentration d’Auschwitz.
Une porte parole du réseau social avance aussi que le logo en éclair du groupe serait très similaire au symbole des SS, une des principales organisations du régime national-socialiste.
Facebook Papers
Cette annonce survient alors que Facebook traverse une des pires crises de crédibilité depuis sa fondation. Au mois d’octobre, l’ex-employée Frances Haugen a rendu publics des documents qui illustrent que le géant du web démontre peu d’intérêt à déployer les moyens nécessaires pour modérer les contenus violents et haineux sur sa plateforme.
Meta se défend toutefois de vouloir réparer les pots cassés avec cette annonce et soutient surveiller Atalante depuis 2018.
Chercheur postdoctoral au Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation, Frédérick Nadeau a consacré sa thèse de doctorat au groupe Atalante Québec. Il se questionne sur l’efficacité de la décision du réseau social. On a beau fermer leurs pages, ils vont se réorganiser ailleurs, dit-il. Ils ont l’habitude d’être chassés et sont très résilients. De plus, ça leur permet de se conforter dans leur position et ça nourrit le narratif voulant que la démocratie soit factice et que le système soit dominé par une élite mondialiste tyrannique cherchant à faire taire ceux qui s’opposent à leurs projets. Donc, ça peut contribuer à les radicaliser.
Le groupe a d’ailleurs déjà migré vers d’autres plateformes plus permissives. Facebook dit travailler avec d’autres compagnies de l’industrie pour qu’elles adoptent la même approche qu’elle.
Toutefois, le chercheur souligne qu’Atalante perd ainsi son porte-voix principal pour rejoindre un plus large public.
Dans l’urgence de la situation, c’est sans doute parmi les mesures les plus efficaces dont on dispose à l’heure actuelle pour freiner la normalisation de l’extrême droite qui s’observe depuis une dizaine d’années, poursuit Frédérick Nadeau. Les GAFAM ont d’ailleurs une responsabilité à assumer dans ce processus. Cependant, ça demeure un pansement sur le bobo. Ce n’est pas en envoyant les racistes ailleurs que ça va enrayer le racisme.
Le groupe Atalante avait fait les manchettes en mai 2018 lorsqu’il avait fait irruption dans les bureaux du média VICE Québec. En juin 2010, le leader de la formation, Raphaël Lévesque, a été blanchi des accusations d’introduction par effraction, de méfait public, de harcèlement criminel et d’intimidation liées à cet événement. Le jugement a été porté en appel.
source :
Radio-Canada
Simon Coutu
10 novembre 2021