Une cinquantaine de plaintes ont été déposées par les fidèles d’une église évangélique à Draveil. Ils ont donné toutes leurs économies aux pasteurs qui leur promettaient un placement immobilier en or. Une juge d’instruction est chargée du dossier.
Une chape de plomb est posée au-dessus d’une vaste escroquerie qui pourrait porter sur plus de deux millions d’euros. Pour l’instant, les pasteurs dans le viseur de la justice n’ont pas été inquiétés et poursuivent leurs activités cultuelles. Les fidèles, eux, n’osent pas parler de cette affaire entre eux. Ils ne savent pas s’ils sont les seuls à avoir été victimes du placement véreux de leurs « guides ». Surtout, ils craignent les représailles ou d’être rejetés de leur communauté.
C’est à Draveil, dans l’une des églises évangéliques de la ville, que plusieurs dizaines de croyants auraient été dupés par les pasteurs qui leur auraient proposé des placements immobiliers qu’ils garantissaient « sans risque ». « Mais ces conseils ont été distillés à chaque fois individuellement, donc personne n’a conscience de l’ampleur exacte de la supercherie », indique une source proche du dossier.
Au final, la plupart des fidèles ont donné toutes leurs économies et n’ont jamais revu leur argent. « Près d’une cinquantaine de plaintes ont été recensées », confirme le parquet d’Evry. Les premiers signalements aux services de police et de gendarmerie remontent à fin 2017. Une information judiciaire a été ouverte voici deux mois. Mais la juge d’instruction n’a pas encore décidé de la moindre mise en examen. « On tente déjà de cerner le nombre de victimes », souligne une source proche du dossier.
«Pour ces personnes qui ne roulent pas sur l’or, c’était l’occasion d’une vie »
Contactées, certaines d’entre elles ont expliqué « avoir peur ». « Nous nous refusons à tout commentaire sur une procédure pénale en cours », ont balayé pour leur part Maîtres Louise Durin et Julien Zanatta, avocat de plusieurs plaignants.
Mais les sommes avancées par les croyants sont colossales. Elles oscillent entre 40 000 et 70 000 euros à chaque fois. « On leur proposait un appartement en Auvergne avec un rapport locatif défiant toute concurrence, pour ces personnes qui ne roulent pas sur l’or, c’était l’occasion d’une vie », indique une source proche de l’enquête. Maintenant, certains d’entre eux sont poursuivis par les agences de crédit immobilier qui n’ont pas été payées. « Les victimes n’ont pas été très regardantes sur le montage financier, mais c’est parce que tout devait fonctionner tout seul, avec un locataire qui couvrait les remboursements de l’achat du bien immobilier », relate cette même source.
En parallèle de l’enquête ouverte à l’encontre des pasteurs, les victimes doivent donc faire face aux organismes de crédit, auprès du tribunal civil. En fin de semaine dernière le juge de la mise en état d’Evry a refusé d’accorder un sursis à statuer dans l’attente de l’avancement de la procédure pénale pour quelques fidèles. Les croyants risquent de devoir payer, alors qu’ils n’ont déjà plus un sou en poche, leurs économies ayant été dilapidées par l’escroquerie. « Il est incompréhensible que les juridictions civiles n’attendent pas les premiers éléments de la procédure pénale, mais nous nous battrons jusqu’au bout », annoncent Me Durin et Zanatta. Les pasteurs de cette église évangélique n’ont pas répondu à nos sollicitations malgré nos appels.
source:
Le Parisien Île-de-France & Oise>Essonne |Florian Loisy (@florianloisy sur twitter)| 25 juin 2018, MAJ : 26 juin 2018