BORDEAUX, 23 nov 2009 (AFP) – Un juge d’instruction bordelais doit « se transporter en Grande-Bretagne » dans le cadre de l’enquête sur un « gourou » soupçonné d’avoir maintenu 11 personnes d’une même famille sous sa coupe, a indiqué lundi le parquet de Bordeaux au cours d’un point de presse.
Le 21 octobre, Thierry Tilly, un Français résidant à Oxford, suspecté d’avoir maintenu sous sa coupe onze membres de la famille Védrines, une famille aristocratique du Lot-et-Garonne, a été interpellé en Suisse dans le cadre d’un mandat d’arrêt européen. Il a été mis en examen à Bordeaux pour escroqueries, abus de faiblesse, extorsion de fonds, séquestration avec actes de torture et barbarie.
La secrétaire général du parquet, Agnès Auboin, a indiqué lundi que le travail de collaboration du magistrat français chargé de l’affaire avec les autorités britanniques était « rendu difficile » en raison notamment « des différences de système judiciaire ».
Elle a indiqué que le juge d’instruction Stéphane Lorentz, qui « entend mener prochainement des investigations » outre-Manche, bénéficiait de l’appui d’un magistrat de liaison de l’ambassade de France en Grande-Bretagne et d’Eurojust, l’organe de l’Union européenne chargé de renforcer la coopération judiciaire entre Etats.
Le parquet de Bordeaux avait lancé une enquête préliminaire sur cette affaire en 2004 après que Tracfin eut signalé des mouvements financiers suspects sur les comptes de plusieurs membres de cette famille.
En mars 2005, l’enquête pour abus de faiblesse sur personne en état de suggestion psychologique, un nouveau délit introduit par un texte anti-secte de 2001, a été confiée à un juge bordelais. Le dossier a connu une accélération en mars 2008 après « l’exfiltration » du groupe reclus à Oxford de Christine de Védrines, 59 ans, puis il y a quinze jours de son fils Guillaume.
Thierry Tilly, détenu à la maison d’arrêt de Gradignan (Gironde) depuis le 28 octobre, nie toutes les accusations portées contre lui et assure sa défense seul, a indiqué Agnès Auboin.
Sur les 11 personnes qui se sont coupées du monde à partir de 2001, d’abord dans leur propriété de Monflanquin (Lot-et-Garonne) puis à Oxford à partir de 2008, sept sont encore en Angleterre et refusent de reprendre contact avec le reste de leur famille.