Le dernier signalement remonte à quelques semaines à peine. Une association tenant régulièrement des permanences à Châteauroux aurait des liens avérés avec un mouvement sous surveillance, implanté dans le nord du département. Les autorités l’ont à l’œil mais, pour l’instant, impossible de poursuivre. « Les informations sur les phénomènes de dérives sectaires sont particulièrement difficiles à recueillir et à vérifier, admet Bruno Raymondeau, coordonnateur de la cellule de vigilance contre les dérives sectaires, à la préfecture de l’Indre. Le manque de témoignages est frappant. »
Plusieurs associations sous surveillance dans l’Indre Cette cellule (1) se réunit deux fois par an. « Nous sommes une “ tour de contrôle ” et réagissons en fonction de l’importance des informations glanées. » Selon les éléments recueillis, « depuis 2016, on assiste, dans l’Indre, à un regain d’activité et de prosélytisme de communautés et autres mouvements ».
Le Centre contre les manipulations mentales, basé à Bourges, participe à ces réunions. « Nous faisons un travail de prévention et de vigilance, explique Jean-Claude Dubois, président. Nous surveillons la presse locale et recevons aussi des signalements. Nous sommes des lanceurs d’alerte et montons des dossiers dès que nous repérons un cas sérieux. » Depuis sa création, en 2004, l’association a constitué une quinzaine de dossiers dans l’Indre. Mais tous n’atterrissent pas sur le bureau du procureur. « La dernière plainte date de 2013 », constate Bruno Raymondeau. « Il faut des preuves et c’est compliqué, confirme Jean-Claude Dubois. La notion de victime de secte n’a pas de fondement juridique. »
Le principe de liberté de culte est inscrit dans la loi. « On se concentre sur des indices de dérives sectaires, des pratiques hors-la-loi. » Celles-ci vont de la déstabilisation mentale à la rupture avec l’environnement, en passant par des exigences financières, des violences physiques, l’embrigadement des enfants, etc. « Il nous faut un faisceau de plusieurs indices. »
Les autorités sont particulièrement vigilantes avec l’émergence de la tendance dite New Age, qu’elles définissent ainsi : « Un courant spirituel occidental caractérisé par une approche individuelle et éclectique de la spiritualité. » Jean-Claude Dubois met en garde : « Gare au bio et aux enseignements alternatifs. » Bruno Raymondeau ajoute : « L’Indre compte plusieurs associations prônant le recours à des thérapies non conventionnelles, le développement personnel, la sophrologie, la kinésiologie, etc. » Toute la difficulté étant de déterminer lesquelles dépassent le cadre légal.
bertrand.slezak@nrco.fr
(1) Composée de représentants des forces de sécurité intérieure, associations, médecins, Protection judiciaire de la jeunesse, établissements pénitentiaires, cabinet du préfet, sous-préfets, parquet et services de l’État.
repères
“ Nous cherchons des relais dans l’Indre ”
Le Centre contre les manipulations mentales réunit « une petite vingtaine de personnes », dénombre Jean-Claude Dubois, président. Toutes bénévoles, elles sont issues de divers milieux : ce sont des enseignants, des acteurs sociaux, des psychiatres, des psychologues, des infirmiers, des élus, etc. « Il y a même un ancien gendarme. » Problème : aucun n’est basé dans le département. « Nous recherchons des relais dans l’Indre », confirme Jean-Claude Dubois. En attendant, l’association fait le déplacement jusqu’ici en cas de besoin. « Nous pouvons faire des conférences publiques et nous intervenions aussi dans les lycées. »
Contacts : tél. 06.33.15.15.82. ou ccmm18cvdl@wanadoo.fr
source : lanouvellerepublique par Bertrand SLEZAK
https://www.lanouvellerepublique.fr/chateauroux/derives-sectaires-l-indre-sous-vigilance-permanente
Journaliste, rédaction de Châteauroux