Sans esquiver l’indispensable réalisme inhérent à un tel contexte politico-affectif, il fait émerger dans la fluide image gérée par l’immense chef-opérateur qu’est Julien Hirsch, entre la noirceur d’une éclipse et la splendeur solaire des vergers, tous les tourments qui assaillent la rationnelle Muriel et l’obstiné Alex et qui révèlent des malaises existentiels profonds. C’est le genre de scénario casse-gueule, menacé de pathos grassouillet, qu’André Téchiné met en images mouvantes et en silences bruyants. Il réussit à nous captiver en déroulant quelques journées du printemps 2015, juste entre l’attentat contre Charlie-Hebdo et celui du Bataclan, comme dans un thriller centré sur une femme désemparée enflammée par son instinct maternel et un garçon intransigeant quoique perdu. Catherine Deneuve trouve là un de ses plus beaux rôles et Kacey Mottet-Klein, tout en subtiles nuances comme toujours (ContinuerL’Enfant d’en haut ou, déjà avec André Téchiné, Quand on a 17 ans) incarne littéralement Alex en vibrant tel un affolant diapason face à elle, toujours radieuse.

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