Des violences sectaires entre bouddhistes et musulmans ont éclaté le mois dernier dans l’ouest de la Birmanie, faisant des dizaines de morts et chassant des milliers de personnes de chez elles.
Les émeutiers se sont battus à coups de pierres et de couteaux.
Les affrontements ont éclaté dans la province du Sumatra-Nord, où plus d’une centaine d’immigrants rohingya — interceptés au large de l’Indonésie après avoir fui leurs domiciles à bord d’embarcations de fortune — et 11 bouddhistes accusés de pêche illégale étaient hébergés ensemble.
La violence aurait éclaté vendredi matin après qu’un religieux rohingya et un pêcheur se soient disputés concernant la vague de violence qui a déferlé sur le centre de la Birmanie le mois dernier, quand des bouddhistes ont attaqué la population musulmane. Le religieux aurait été attaqué par le pêcheur, mettant le feu aux poudres.
Toutes les victimes sont bouddhistes. Les trois pêcheurs survivants ont été placés à l’écart.
Dix-huit détenus rohingya ont été identifiés comme suspects dans cette affaire.
Le centre de détention accueille un peu moins de 300 personnes, soit deux fois sa capacité normale.
Arrestations
En Birmanie, des dizaines de personnes ont été arrêtées et seront traduites en justice sous peu, dans la foulée de la flambée de violences sectaires qui a touché le centre du pays le mois dernier.
Le procureur général birman Ye Aung Myint a indiqué que les suspects seront présentés à la justice le plus rapidement possible, de manière à décourager toute autre violence.
Au moins 43 personnes ont été tuées et 12 000 autres, surtout des musulmans, chassées de chez elles quand la violence a éclaté le 20 mars. L’ordre a été rétabli quand le président Thein Sein a proclamé l’état d’urgence et déployé l’armée dans la région.
M. Ye a expliqué que les autorités sont à compiler 13 dossiers différents. Le premier touche trois employés de la bijouterie musulmane où une querelle a éclaté, donnant naissance aux affrontements. Un autre touche trois personnes soupçonnées d’avoir tué un moine bouddhiste, ce qui a avivé encore davantage les tensions.
M. Ye a indiqué que 26 personnes ont été arrêtées, soit 13 musulmans et 13 bouddhistes. Un policier a plutôt évoqué 42 arrestations, dont 30 bouddhistes. La différence entre les deux bilans n’a pas été expliquée.
Mosquée incendiée
Mardi, au moins 13 écoliers ont perdu la vie mardi quand un incendie a détruit une mosquée de la plus grande ville de la Birmanie, Rangoon.
Les autorités ont rapidement évoqué une défectuosité électrique, niant que le sinistre soit dû aux tensions sectaires qui déchirent le pays depuis quelques semaines.
Des policiers ont bloqué les rues menant à cette enceinte, qui regroupe une mosquée, une école et un dortoir.
On ne rapportait aucune violence dans l’immédiat, mais environ 200 musulmans se sont rassemblés à proximité. Alors que plusieurs d’entre eux ont montré des signes de mécontentement et dit croire que l’incendie était d’origine criminelle, les forces de sécurité ont été déployées afin de bloquer l’entrée des routes dans le secteur.
Les policiers ont défoncé une porte, permettant à la plupart des 75 enfants qui se trouvaient sur les lieux de s’échapper. Les autres portes semblaient verrouillées et des barres de sécurité bloquaient les fenêtres.
Seize enfants qui dormaient au premier étage se sont retrouvés coincés quand l’échelle qui mène à cet étage s’est enflammée. Trois garçons ont survécu en sautant dans le vide.
Un fidèle de la mosquée, Soe Myint, affirme avoir aidé à retirer les corps sans vie du bâtiment en flammes. Il a dit ne pas croire que l’incendie ait été provoqué par un court circuit, pressant les autorités d’ouvrir une enquête dans cette affaire.
«La mosquée en entier sentait le diesel. Nous n’utilisons pas de diesel à l’école», a-t-il soutenu.
Le chef de la police de Rangoon, Win Naing, a indiqué que les directeurs de la mosquée et de l’école étaient soumis à un interrogatoire, ajoutant qu’aucune arrestation n’avait été faite jusqu’à présent. «Compte-tenu du fait que ce sont les deux personnes en charge, elles doivent être tenues pour responsables et nous devons agir», a-t-il déclaré.
M. Naing a écarté la thèse de l’incendie criminel en affirmant que trois policiers assuraient la sécurité de la mosquée, et que ceux-ci n’avaient pas vu quiconque s’approcher du bâtiment au moment du déclenchement du brasier.
Source : http://www.lexpress.to/archives/11547/Par The Associated Press – Semaine du 2 avril au 8 avril 2013