Une partie du mouvement écologique est traversée par des croyances mystiques, quitte à cautionner des pseudosciences.
Cela commence comme un simple retour à la terre. Lasse de sa vie citadine, Camille B.* plaque tout pour devenir saisonnière dans le monde viticole. Passionnée d’écologie, elle découvre la biodynamie et son créateur, un certain Rudolf Steiner, fondateur de l’anthroposophie. On le présente comme un visionnaire du début du XXe siècle. « J’ai été séduite par la vision holistique expliquant que les plantes que l’on cultive sont connectées à leur cosmos », se souvient la désormais quadragénaire. Camille se met à fuir les écrans : « Dans la cosmologie de Steiner, la technologie est associée au démon Ahriman, celui du matérialisme. Mais on ne vous dit pas ça de but en blanc, on préfère expliquer que les écrans empêchent d’être en contact avec sa spiritualité. »
La jeune femme apprend à « dynamiser », puis à pulvériser des préparations hautement diluées, à partir de bouses ayant reposé dans des cornes de vache ou de cochenilles brûlées sur du bois de frêne. Des potions farfelues, basées sur les intuitions cosmiques de Steiner, mais qui galvanisent Camille : « C’est grisant de se dire qu’on fait quelque chose d’important pour la planète, tout en apprenant des secrets. »