Reportage
Presque comble, le mythique cinéma parisien a accueilli, samedi 14 septembre, un colloque dédié aux guérisons énigmatiques, interrogeant le pouvoir de l’esprit sur le corps.
Le succès du rassemblement montre une quête du bien être à tout prix, souvent spirituelle, loin de la rationalité de la médecine conventionnelle.
Au-delà du rationnel, ou de la médecine conventionnelle, la quête du « bien-être à tout prix » était aussi largement spirituelle.
« Et si nous disposions tous d’un système guérisseur ? » Sous l’œil intrigué d’un ballet de passants pressés, le slogan n’a cessé de revenir sur les écrans lumineux enchâssant la mythique façade du Grand Rex, au cœur de Paris. Presque comble avec 2 500 sièges occupés – sur les 2 800 disponibles –, la salle y a en effet abrité, samedi 14 septembre, un colloque dédié aux voies énigmatiques de « guérison » des divers maux de l’être humain.
Expériences inédites de régulation émotionnelle ou de mantra thérapie, vidéoclips pédagogiques, tables rondes… Lancé à l’initiative d’“Alex Fighter” (1), ex-jeune judoka reconverti dans la production de documentaires, l’événement n’avait rien à envier à un one man show américain. La vingtaine d’intervenants maîtrisait, à la perfection, les codes de la communication.
Pour beaucoup, la journée a rempli sa promesse, au terme d’un programme dense de prises de parole variées : « Peut-on déjouer un pronostic médical », « comment guérir quand la médecine ne sait plus », « la maladie a-t-elle un sens » ? Au-delà du rationnel, ou de la médecine conventionnelle, cette quête du « bien-être à tout prix » – flirtant parfois avec des pratiques thérapeutiques controversées – était aussi largement spirituelle. Et la religion s’est même souvent invitée dans le débat.
« Puissance de la vie »
« Je ne suis pas religieux, mais je respecte toutes les confessions : à l’instar de 90 % des habitants de la planète, je crois en quelque chose qui nous transcende, mais je me méfie des dogmes », a ainsi martelé Guibert del Marmol, ancien chef d’entreprise, ayant déjoué, en 1994, les sombres pronostics médicaux de son ancienne tumeur au cerveau. Depuis, cet auteur de best-sellers sur l’écoute intérieure assure à son public avoir trouvé, grâce à un radical changement d’hygiène de vie, « sa vérité ».
« Je trouve la médecine moderne trop orientée sur le corps, matérialiste : elle manque d’horizon. Avec la laïcité, elle s’inscrit aussi en dehors de tout échange avec la spiritualité », renchérissait le neurologue Antoine Sénanque, avant d’aborder les miracles : « Connoté religieusement, ce mot est allergisant pour le monde médical. Lourdes est le seul sanctuaire au monde qui les expertise aussi profondément. Les médecins parlent, eux, de “guérisons inexpliquées” : ils les reconnaissent, mais entretiennent une méfiance vis-à-vis d’elles. »
Quête spirituelle
« La guérison, c’est la reconnexion avec la puissance de la vie », enchaînait l’indianiste Sofia Stril-Rever, auteure de plusieurs biographies coécrites avec le dalaï-lama. Relativement hétéroclite, la foule semblait plutôt conquise par cette grande « foire spirituelle ». « Je ne souffre d’aucune pathologie, mais je suis ouvert à ce type de façon de penser », expliquait Simon, 29 ans, assistant décorateur dans le cinéma.
« Pour moi, cela s’inscrit dans une recherche plus globale : mon père est malade, et j’espère aider mon entourage », indiquait Alexandra, 38 ans. De tradition catholique, cette magistrate non-pratiquante assure aujourd’hui s’être davantage rapprochée des spiritualités orientales et bouddhistes. « Ma venue ici témoigne d’une quête spirituelle – pas forcément religieuse –, même si je sais qu’il y a une puissance immense au-dessus de nos têtes », pointait encore Isabelle, 57 ans, agent d’entretien dans les écoles.
« Ce colloque livre des pistes concrètes pour avancer », poursuivait-elle, confiant avoir été récemment « sauvée à temps » d’un cancer. Comme elle, nombreux sont ceux qui ont vu – ou côtoient actuellement – de près le spectre de la maladie : en témoignait l’imposant cortège de béquilles, ou de fauteuils roulants, massé près des ascenseurs.
« Il y a indéniablement un petit côté “cour des miracles” ici », s’amusait Pierre, 69 ans, touché par un cancer de la prostate métastasé. Lui-même comptait parmi les – rares – spectateurs plus mesurés quant à l’apport de la journée : « Ma belle-sœur m’a entraîné là, mais je me méfie un peu des lobbys des médecines parallèles, et il me semble dangereux d’ériger ces témoignages de guérison comme des généralités applicables à chacun. Je comprends toutefois très bien que l’événement, revigorant, motive le moral des troupes ! ».
(1) De son vrai nom Alexandre Chavouet, qui co-présentait l’événement avec Estelle Guerven.
source :
https://www.la-croix.com/Religion/Catholicisme/France/Au-Grand-Rex-chercheurs-sens-quete-guerison-2019-09-18-1201048388
- Malo Tresca,
- le 18/09/2019 à 16:07