Désormais vide, cet ancien hôpital psychiatrique abritait jusque très récemment une soixantaine de jeunes garçons, mineurs ou à peine majeurs, tous élèves de la yeshiva Beth Yossef, une école talmudique autour de laquelle s’organisait la petite communauté juive orthodoxe. Installé depuis près de quarante ans sur ce domaine d’une centaine d’hectares rattaché au village de Bussières (Seine-et-Marne), à 70 kilomètres à l’est de Paris, l’établissement a longtemps été réputé pour sa discrétion. Mais fin janvier, après sept mois d’enquête, 130 gendarmes appuyés par un hélicoptère ont fait irruption pour perquisitionner les lieux et interpeller une quinzaine de personnes. A l’issue de l’opération, la procureure de la République de Meaux, Laureline Peyrefitte, a dénoncé les «conditions abusives» dans lesquelles étaient retenus les enfants, pour la plupart des étrangers en situation irrégulière, victimes d’«actes de malveillance».
Elèves coupés du monde, soupçons de maltraitances, locaux insalubres… L’école talmudique Beth Yossef de Bussières est visée par des témoignages accablants. «Libération», qui a eu accès à de nombreux documents, a pu se rendre sur place et s’entretenir avec quatre des sept rabbins mis en examen.
Derrière le portail métallique blanc, une route goudronnée et cabossée s’étire au milieu de la forêt, entre des bâtiments aux façades plus ou moins délabrées. Le premier, à l’abandon depuis trois ans, a été ravagé par un incendie. Les suivants, en cours de rénovation, accueillent plusieurs familles et leurs enfants. Un peu plus loin encore, l’édifice principal, longue bâtisse en pierres de quatre étages, vient d’écoper d’une fermeture administrative, comme l’indique l’arrêté préfectoral placardé sur la porte d’entrée.