Agathe et Christophe Renouard, un couple de Havrais, viennent de publier « Pourquoi se(c)taire ? ».
Le livre financé par une campagne de souscription en est déjà à sa troisième livraison à la librairie La Galerne.
La couverture de « Pourquoi se(c)taire ?» que le couple perçoit comme leur bébé, est un portrait réalisé par le père d’Agathe avant son décès.
Agathe et Christophe Renouard, un couple de Havrais, ont uni leurs forces pour faire naître le livre « Pourquoi se(c)taire ? », un témoignage de l’enfer dans lequel a plongé Agathe pendant de longues années suite à un embrigadement dans une communauté suspecte de dérives sectaires.
Il aura fallu des années d’errance et de souffrance à Agathe, 51 ans aujourd’hui, pour qu’elle entende parler du danger psychospirituel et comprenne qu’elle en était une victime.
Sept ans dans une communauté
Sa descente aux enfers débute en 1993. La jeune femme d’une vingtaine d’années, en conflit avec sa famille, multiplie les conduites à risque. Catholique pas très pratiquante, mais réceptive au discours religieux, elle se voit proposer par la mère d’une amie, « thérapeute psycho spirituelle », des séances hebdomadaires destinées à « la guérir ». Elle ignore alors qu’elle met le doigt dans un engrenage dont elle mettra des années à sortir. Au fil des mois, on la coupe totalement de sa famille. « Au lieu de m’aider, on m’a enfermée dans la haine », explique-t-elle. Rapidement, on la convainc que la seule solution pour se soigner est d’aller vivre dans une communauté parce que « Dieu l’a décidé ». « Il s’agit de la communauté des Béatitudes, du Renouveau Charismatique, un mouvement parfaitement intégré et identifié au sein de l’église catholique », précise son mari.
Là, pendant sept ans, elle va vivre coupée du monde, dépossédée de tout, ses journées rythmées par les prières et les tâches ménagères. « Tout était basé sur l’obéissance. On ne nous laissait surtout pas le temps de penser, on n’avait pas le droit aux sentiments. La communauté EST le projet. Je suis arrivée abîmée, j’ai été encore plus détruite, sans aucune assistance médicale », révèle-t-elle.
Dépression et alcool
Après plusieurs fugues et des conduites absolument proscrites, la communauté lui demande de quitter les lieux. « J’avais 30 ans et je ne connaissais plus rien du monde. » Elle s’enfonce alors dans la dépression et l’alcool. Une tentative de suicide lui vaut un premier séjour en hôpital psychiatrique, suivi par d’autres. Les années qui suivent sont une alternance de petits mieux et de grosses rechutes. Elle reçoit de lourds traitements médicamenteux mais réussit quand même à être embauchée dans une librairie.
Sa route croise celle de Christophe, un ancien copain de l’école d’art, mais leur histoire ne dure pas. En 2006, le hasard les remet en présence. Cette fois, ils tombent amoureux et ne se quitteront plus. Rien n’est pourtant réglé pour Agathe. « Je buvais beaucoup, je prenais des médicaments en excès. J’étais un légume », se souvient-elle avec émotion. Mais Christophe reste à ses côtés. « Je ne l’ai jamais lâchée, j’ai toujours cru en elle », confie-t-il.
La renaissance
Sa renaissance a lieu en 2014. Alors qu’elle s’est désintoxiquée de l’alcool et des médicaments, elle entend parler du danger psychospirituel et décide de contacter une association de lutte contre les dérives sectaires.
Elle commence à témoigner à la radio et à la télévision.
Et aujourd’hui, dans ce livre tiré à 800 exemplaires, elle raconte son retour à la vie, pour alerter et appeler à la vigilance.
source : Paris-Normandie Par la rédaction 24 Novembre 2022