Compiègne, le 14 novembre. Chaque dimanche, l’unique église mormone de l’Oise accueille les 300 fidèles du département dans cette salle de culte, rue du Bataillon-de-France. La cérémonie dure trois heures, principalement composée d’échanges entre les fidèles. LP/J.B.
Le seul lieu de culte mormon du département, qui accueille 300 membres, sera accessible à tous samedi. L’occasion de rencontrer une communauté méconnue qui se dit pourtant ouverte vers le monde extérieur.
Depuis 2004, le 90, rue du Bataillon-de-France, à Compiègne, accueille l’unique église de Jésus-Christ des Saints des Derniers jours de l’Oise. Les Mormons, qui comptent 300 fidèles, répartis dans tout le département et une partie de l’Aisne. Samedi, ils ouvriront leurs portes au public, de 14 heures à 17 heures. Une première depuis la construction du bâtiment.
Fondée en 1830 aux Etats-Unis, l’église mormone réunirait 15 millions de membres, dont 36 000 en France. Son épicentre se trouve aujourd’hui à Salt Lake City. En avril dernier, le premier temple français a été inauguré au Chesnay, près de Versailles.
« Les gens s’interrogent souvent sur nous, ces portes ouvertes, c’est l’occasion », explique Bertrand Joly, qui vient de passer 8 ans à la tête de la paroisse en tant qu’évêque. Car malgré une présence ancienne dans le secteur — les premiers Mormons sont arrivés dans le Compiégnois en 1972 — leur église reste méconnue.
Chaque membre s’engage à verser 10 % de ses revenus
C’est aussi une chance, pour eux, de lutter contre les poncifs. « Certains nous confondent avec les Amish, mais nous n’avons rien contre la technologie », rigole Bertrand, en exhibant son smartphone. Gérard Joly, son père, utilise Skype pour donner des cours sur l’Evangile aux enfants les plus éloignés.
Compiègne, le 14 novembre. Au sein de l’église mormone, pas de statues, ni de vitraux, à peine quelques tableaux. Les tenues religieuses sont également absentes, remplacées par « une tenue correcte ». LP/J.B.
Certains clichés remontent à loin. « Un voisin, par exemple, s’étonnait que je n’aie qu’une seule femme », se souvient Bertrand. La polygamie, dans leur religion, remonterait au XIXe siècle. Une pratique désormais proscrite. Mais si le mormonisme ne figure pas sur la liste de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), la défiance existe bien.
Pourquoi ? Les termes de « frère » et de « sœur », la part importante de l’enseignement religieux pour les enfants (le premier rang de la prêtrise s’acquiert dès 12 ans), les missions de prosélytisme réalisées par des jeunes, souvent étrangers… La dîme : chaque membre de l’église s’engage à verser 10 % de ses revenus à la communauté.
« Le libre arbitre est à la base de notre religion »
« C’est plus un contrat moral et spirituel qu’une obligation, affirme Gérard. On ne viendra pas réclamer. » Aider le groupe en échange de l’aide des autres et de celle de Dieu, car les Mormons croient aux miracles. « Un jour, j’ai hésité à payer, explique Bertrand. Finalement, je l’ai fait et je me suis aperçu que ma voiture consommait moins. »
Compiègne, le 14 novembre. En plus d’être le lieu du culte, l’église mormone est aménagée pour accueillir la vie de la communauté. On y trouve des bureaux, une cuisine, une salle de jeux, une autre pour changer les bébés. Et même une table de ping-pong. LP/J.B.
Quoi qu’il en soit, « le libre arbitre est à la base de notre religion, ce qui explique que nous ne baptisons pas avant l’âge de 8 ans, détaille Gérard. Si quelqu’un veut s’en aller, nous trouverons ça dommage mais nous ne le retiendrons pas. »
Et d’ajouter qu’ils ne vivent pas uniquement entre eux. « Nous avons une vie citoyenne, appuie-t-il. Nous sommes dans des associations, je participe au dépouillement à chaque élection, nous organisons des nettoyages en forêt… » Amis et collègues ? « Ils sont parfois surpris, mais cela ne pose jamais de problèmes. »
S’ils sont très pratiquants — lecture quotidienne des écritures, prières plusieurs fois par jour… — « nous ne sommes justement pas sectaires », souligne Gérard. Il en veut pour preuve : « Aux offices du dimanche, certains ne viennent que rarement. Nous sommes en général une cinquantaine. »
source : http://www.leparisien.fr/oise-60/a-compiegne-l-unique-eglise-mormone-de-l-oise-vous-ouvre-ses-portes-23-11-2017-7410216.php >Île-de-France & Oise>Oise|Julien Barbare|23 novembre 2017, 12h29|0